La nouvelle ligne téléphonique sans frais 1 833 DENONCE, mise sur pied mercredi et destinée aux élèves des niveaux primaire et secondaire pour le signalement de violences sexuelles à l’école, est une mesure qui ne va pas assez loin, selon le collectif La voix des jeunes compte. Cette ligne téléphonique fait suite à la promesse du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, d’offrir une aide supplémentaire dans la foulée des violences sexuelles commises par un enseignant du Collège Stanislas.
«Nous saluons toute initiative pour aider les jeunes, mais nous sommes très sceptiques quant à l’efficacité d’une ligne téléphonique, affirme la co-coordonnatrice du collectif, Alexandra Dupuy. La seule chose que le gouvernement va comprendre avec les messages de dénonciation et les appels des victimes, c’est qu’il y a des problèmes de violences sexuelles dans les écoles, chose qu’on répète depuis des années.»
Une loi plutôt qu’une ligne
Elle rappelle que le collectif revendique depuis 2018 l’implantation d’une loi-cadre par le gouvernement du Québec dans le but de limiter le phénomène des violences sexuelles à l’école. Selon le collectif, cette loi permettrait de mieux intervenir lorsqu’il y a des dénonciations ou des signalements de la part des jeunes, contrairement aux dénonciations anonymes par téléphone pour lesquelles aucun suivi n’est prévu.
«Cette nouvelle ligne sera principalement utilisée par des jeunes qui ont déjà vécu des violences et vont seulement répéter, encore une fois, leurs histoires et leurs traumatismes, même parfois à une boîte vocale. Il n’y a donc pas de constitution de dossiers auprès de ces jeunes, et ils sont laissés à eux-mêmes après le signalement.»
La députée de Québec solidaire, Ruba Ghazal, abonde dans le même sens et insiste sur l’importance d’une loi-cadre, plus à même d’enrayer ce problème en plus d’offrir l’aide et le soutien dont les victimes de violences sexuelles ont besoin.
«Est-ce que les jeunes victimes vont vraiment dénoncer une agression par téléphone? Si on a appris une chose depuis MeToo, c’est que le processus de dénonciation d’une agression peut être très intimidant et complexe. Il faut aller plus loin qu’une ligne téléphonique et adopter une loi-cadre pour lutter contre les violences sexuelles dans nos écoles», soutient-elle.
Le ministère de l’Éducation rappelle que les victimes et témoins d’actes criminels à l’école doivent dénoncer ces cas à la police et qu’il est également possible de dénoncer ceux-ci par courriel à l’adresse signalements@education.gouv.qc.ca.