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Feux de forêt: «terrorisme vert» et incendies criminels

Le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, déclarait plus tôt cette semaine que les brasiers ravageant les forêts de la province et du pays étaient déclenchés par des «terroristes verts». Plusieurs internautes, s’exprimant notamment sur Twitter avec le hashtag #ClimateScam, remettent en question l’origine des brasiers et leur lien avec les changements climatiques.

Comment ces feux se déclenchent-ils réellement ? Comment se trace le lien entre leur ampleur, les dérèglements climatiques et l’industrie fossile?

Météorologue à la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), Olivier Lundqvist explique que le déclenchement des feux faisant rage partout au Québec est «assez simple». Dans le cas des 150 feux actifs aux quatre coins de la province, c’est la foudre ayant frappé le sol et les arbres qui est en cause.

«Pouvez-vous m’expliquer comment ces feux sont déclenchés au même moment? Ce sont des incendies criminels, pas les changements climatiques», dit cet utilisateur de Twitter.

M. Lundqvist explique que lorsque la foudre frappe dans la forêt, les feux peuvent se déclencher à retardement, et tous au même moment. «Les feux couvent dans le sol», explique-t-il. Quand la surface devient assez sèche, les étoiles s’alignent et les feux remontent à la surface.

En d’autres termes, et de manière imagée, les racines d’un arbre peuvent prendre feu sous la terre. L’humus, cette couche supérieure de sol créée et entretenue par les matières organiques en décomposition, peut lui aussi devenir suffisamment sec pour couver ces feux jusqu’à ce que la surface perde en humidité. Par ailleurs, il faut se rappeler que lorsque la foudre frappe, ce n’est pas de manière isolée. C’est donc l’ensemble du territoire qui peut être touché… Et il faut parfois attendre des semaines, voir des mois avant que les flammes ne remontent, toutes au même moment, dit le météorologue.

Il souligne que la SOPFEU et ses météorologues avaient vu venir les feux de forêt cette année, en raison de la vague de chaleur intense ressentie la dernière semaine de mai. Leur intensité, leur nombre et leur répartition à travers la province et le pays ont toutefois surpris les professionnels. «En la journée fatidique du 1er juin, tous les feux se sont allumés au même moment parce qu’on sortait d’une période de sècheresse et de chaleur intense».

Des images d’hélicoptères semblant mettre le feu à des arbres attisent également les suspicions de ceux qui remettent en doute l’origine des flammes.

Selon cet internaute, «les changements climatiques sont de la merde. C’est juste un truc créé par les élites pour avoir plus de contrôle. Réveillez-vous. #Climatescam».

Il s’agit en fait de feux dirigés, une pratique courante dans l’ouest du pays, «mais qui ne se fait pas vraiment au Québec», explique le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la résilience des forêts face aux changements globaux.

Cette méthode peut être utilisée à différentes fins, dont freiner les feux préexistants, dangereux pour les vies humaines, en leur soutirant leur carburant, soit les arbres. On peut aussi mettre le feu à des sections de forêts rasées ou couper, pour mieux replanter par la suite.

«Ceux qui ne veulent pas croire aux changements climatiques ou qui sont contre le virage vert vont tout faire pour diminuer l’importance des feux, croit M. Messier. Mais il faut continuer à dire haut et fort que c’est le réchauffement de la température globale qui est en cause».

Un article de l’Union of Concerned Scientists, un regroupement de scientifiques et chercheurs universitaires et militants, tisse d’ailleurs un lien entre les 88 plus grands pollueurs de l’industrie fossile et du ciment et l’aggravation des feux de forêt dans l’ouest des États-Unis et le sud-ouest du Canada.

«Ils sont apparus plus tôt que la normale», signale pour sa part M. Messier, rappelant que la saison normale des feux se situe davantage à la fin du mois de juin. Car la proportion de territoire brûlé ne dépasse peut-être pas ce qui a déjà été vu dans la province, mais «attendons de voir où on en sera à la fin de la saison», prévient l’expert.

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