Ancien chanteur, Don Harley Fils-Aimé dirige un organisme qui offre des cours de musique gratuits aux jeunes de Montréal-Nord. S’il souhaite faire émerger une future vedette, il espère surtout donner une leçon de vie aux adolescents en difficulté.
À la fin des années 1990 et au début de la décennie suivante, Don Karnage, son nom de scène, ne rêvait que d’une chose: briller. Avec ce mélange de hip-hop et de musique antillaise, le Nord-Montréalais écumait les plateaux de télévision et les scènes. «Mais maintenant, il est temps de redonner», sourit l’intéressé, avant de partir, sa guitare dans les mains, pour donner un cours de chant à l’un de ses élèves. Son nouveau quotidien.
Depuis la fin de sa carrière musicale, Don Harley Fils-Aimé a rejoint les rangs de Culture X. Directeur de cet organisme communautaire depuis 2013, il sillonne son arrondissement, en compagnie de sept autres professeurs, à la rencontre des jeunes du quartier nord-est, le secteur le plus touché du pays par la pauvreté et le décrochage scolaire.
Son but: «attirer ces ado avec ce qu’ils aiment. Et qui n’aime pas la musique ?», questionne, avec un large sourire, celui qui enseigne également le français et l’anglais auprès d’autres organismes.
«La musique, c’est un prétexte»
Sa règle est simple. Pour rejoindre Culture X et bénéficier gratuitement de cours de batterie, piano, chant, montage vidéo ou encore d’écriture de chanson, deux critères s’imposent: avoir plus de 17 ans et ne pas être scolarisé à plein temps.
«Le but, c’est de garder ces jeunes hors de la rue. Mais on ne veut surtout pas les sortir de l’école. Au contraire, on leur explique qu’il faut y retourner», insiste celui qui travaille en partenariat avec le Centre Louis-Fréchette.
«On veut leur enseigner des compétences techniques, qu’ils pourront vendre plus tard sur le marché du travail, mais aussi génériques, comme le travail en équipe, la persévérance, la connaissance de soi, le fait d’arriver à l’heure ou encore d’accepter les critiques. La musique, c’est un prétexte, clame Don Harley Fils-Aimé. Ce n’est pas juste du savoir-faire, mais aussi du savoir-être.»
Un aspect éducatif
Un sentiment confirmé par l’artiste E’ly, 31 ans, qui a pu réaliser son premier clip avec Culture X. «Le plus beau jour de ma vie», assure-t-il.
Alors que d’autres élèves passés par l’organisme ont déjà eu l’occasion de percer, à l’image de la Prairivoise Virginie Péloquin, passée par La Voix en 2013, E’ly insiste sur l’aspect éducatif.
«C’est une école pour réussir, mais pas forcément musicalement parlant», précise le rappeur de 31 ans, qui réalise également régulièrement des conférences auprès des jeunes.
«Avant, j’étais danseur professionnel. J’ai eu un accident de voiture qui m’a paralysé une jambe. Mais la musique m’a permis de ne pas sombrer, raconte-t-il. Avec Culture X, j’ai appris à écrire et on m’a aidé pour atteindre mon but.»
Faire briller Montréal-Nord
Des ambitions, Don Harley Fils-Aimé, également porte-parole du Regroupement des intervenants d’origines haïtiennes de Montréal-Nord, n’en manque pas. Alors qu’il espère monter un spectacle et une tournée dans l’ensemble des Maisons culturelles de Montréal l’année prochaine, l’ex-chanteur aimerait «attirer une nouvelle et belle lumière» sur son arrondissement natal.
«Je veux que les artistes de Montréal-Nord arrivent à briller, que le Québec et même le reste du monde découvrent cet arrondissement et l’apprécient, révèle-t-il. J’aimerais tellement que la prochaine Céline Dion vienne d’ici, ce serait fascinant.»
Pour contacter Culture X: www.cultureXmusique.com ou 1culturex@gmail.com