De plus en plus d’initiatives ont lieu à Montréal et dans le monde pour encourager les filles à pratiquer le skateboard, selon l’organisatrice du All Gurlz Sk8 D8, qui a réuni dimanche plus d’une cinquantaine de filles de tous âges et tous niveaux au skatepark de Verdun.
«À toutes celles qui entendent ce message, faites du skateboard! C’est un sport génial!» a recommandé avec enthousiasme Ava Gordon, 10 ans, récente participante au camp Girls + Skate 613, à Ottawa.
Même si les filles ont aujourd’hui peu de chances de devenir professionnelles dans ce sport, Annie Guglia, initiatrice de l’événement, croit que le vent pourrait tourner pour les jeunes filles de la génération d’Ava.
«Le marché mondial du skateboard croît trois fois plus vite chez les filles que chez les gars, affirme Mme Guglia, qui étudie cette industrie dans le cadre d’une maîtrise à HEC Montréal. J’attribue ça au fait qu’on ne leur accordait pas de place auparavant.»
À titre d’exemple, lorsqu’elle a voulu participer à sa première compétition de skateboard, en 2002, Annie Guglia s’est fait dire qu’il n’y avait pas de catégorie féminine. Aujourd’hui, beaucoup de compétitions, comme celle de Jackalope, à Montréal, ont un volet féminin. Par ailleurs, l’inclusion du skateboard aux Jeux olympiques de 2020 pourrait donner un coup de pouce à celles qui voudraient le pratiquer plus sérieusement.
«De plus en plus de filles pourront skater à temps plein. J’aimerais le faire, mais je n’ai pas fait ce choix parce qu’à peine deux ou trois filles dans le monde réussissent à en vivre, contrairement à des milliers de gars», a rapporté celle qui skate presque tous les jours depuis 15 ans.
Mme Guglia est encouragée par plusieurs initiatives mettant en valeur la planche au féminin, comme la marque Meow Skateboards, qui commandite des filles, et le film Quit Your Day Job, auquel Mme Guglia a participé et dont la première aura lieu le 29 septembre à Los Angeles. Il y a aussi, à Montréal, le groupe Les Vagabonnes, qui regroupe une vingtaine de skateuses.
«C’est vraiment motivant de venir ici et d’avoir le soutien d’une communauté pour confronter ses peurs.» – Marivic Agustin, une Montréalaise qui pratique le skateboard depuis mai 2016.
Faire du skate entre filles
Elles sont venues de loin, dimanche, pour participer à la deuxième édition du All Gurlz Sk8 D8, une simple séance de skate entre filles. Le premier rendez-vous avait eu lieu en juillet. Le soutien qu’elles y trouvent est un réel tremplin pour plusieurs d’entre elles.
«C’est intimidant d’être la seule fille à commencer à faire du skate parmi les garçons. Ils vont souvent te mettre au défi, vouloir que tu défendes ta place, a témoigné Lydia Légaré, résidante de Québec, qui fait sérieusement du skateboard depuis quatre mois. La dernière fois que je suis venue ici, je me suis vraiment fait encourager et applaudir quand j’ai réussi un truc.»
«C’est utile aussi d’avoir des conseils techniques d’autres filles, parce qu’on ne skate pas nécessairement de la même façon», a pour sa part estimé Mme Guglia.
Si on en juge par la quantité d’enfants qui sollicitaient ses conseils dimanche, Mme Guglia ne manque certainement pas de relève.