D’ici la mi-octobre, des agents de Montréal-Nord, du Plateau-Mont-Royal et de Lachine seront équipés de caméras portatives lors de leurs interventions.
Selon des informations obtenues par TC Media, ces trois secteurs ont été choisis par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dans le cadre de la phase 2 du projet pilote des caméras portatives.
Tous les agents des postes de quartier 8, 38 et 39 ne seront cependant pas concernés par ce projet. Une quarantaine seulement y participera. À Montréal-Nord par exemple, 12 policiers patrouilleront avec ce dispositif dès le 15 octobre, alors qu’au Plateau-Mont-Royal, cette utilisation démarrera le 29 septembre.
Ces caméras portatives seront installées au-dessus du gilet pare-balles, avec un écusson qui permettra aux citoyens de les reconnaître. Ces agents devront cependant aviser ces derniers que l’intervention sera enregistrée. Les images pourront ensuite servir d’éléments de preuve devant un tribunal.
Selon les circonstances, un agent pourra néanmoins dévier sa caméra ou suspendre l’enregistrement, mais un rapport devra être émis pour en expliquer les raisons.
Dans le métro depuis mai
Ils ne seront pas les premiers policiers de Montréal à utiliser de telles caméras.
Depuis le mois de mai, certains agents de la section métro de Montréal et de la circulation ont pris part à la phase initiale de ce projet visant à «rendre les interventions policières plus transparentes» et à «assurer la confiance des citoyens envers les policiers», selon le SPVM.
«Au cours des dernières années, on a vu plusieurs vidéos d’interventions policières qui ont fait réagir les citoyens. Sauf que ces vidéos ne montraient pas toujours toute l’intervention. Il n’y avait presque toujours qu’un seul côté de la médaille. Les caméras portatives vont permettre de montrer un autre angle des interventions policières», expliquait alors Philippe Pichet, directeur du SPVM.
La Fraternité est en faveur de l’essai des caméras corporelles (nous l’avons demandé dès 2010) et les déployer dans certains PDQ pour la seconde phase du projet pilote est jugé positif. Néanmoins et sans présumer de l’avenir du projet, la Fraternité continuera à porter une attention toute particulière aux modalités liées à ce nouvel outil, à son usage et à l’usage des données.»-Martin Desrochers, responsable des communications de la Fraternité des policiers de Montréal.
«Un effet dissuasif»
«Globalement, les policiers sont favorables à ce dispositif, estime Rémi Boivin, directeur adjoint du Centre international de criminologie comparée (CICC). C’est une façon pour eux de se couvrir. Ce n’est plus seulement la parole du policier face à une personne.»
Selon le professeur de l’Université de Montréal, «cette caméra a un effet dissuasif.»
«D’après différentes études, des citoyens offriraient moins de résistance lors des interventions et des policiers emploieraient moins la force, reprend-il. Avec la diffusion de ces images, on prouve aussi que le quotidien d’un policier est plus complexe que ce que l’on retrouve dans des séries tv.»
Une consultation publique en 2017
Cette phase de test devrait durer jusqu’à la fin du mois de février. Au printemps, le SPVM analysera les résultats de ce projet pilote et la Ville organisera une consultation publique avec les citoyens. Ce projet a été évalué à 1,7M$ pour l’année 2016.
Ce dispositif a déjà été testé à plusieurs reprises en Amérique du Nord, notamment du côté de Calgary, Edmonton et Toronto. Edmonton a cependant mis un terme temporairement à ce projet, en raison des coûts jugés trop élevés.