Les maisons de chambres, dernier rempart contre l’itinérance pour plusieurs personnes vulnérables, continuent de tomber comme des mouches dans l’arrondissement Ville-Marie, a dénoncé mardi le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).
Depuis quelques années, ces logements abordables du centre-ville sont menacés d’être transformés en condos ou en hôtel, comme c’est le cas actuellement de deux adresses situées sur la rue Sainte-Catherine Est.
«Il y a un mois, le propriétaire a coupé l’électricité pour inciter les quatre locataires à partir. Une dame a tout perdu le contenu de son frigo, elle était en panique. Ils ont tous décidé de partir», a relaté Marjolaine Despars, coordonnatrice adjointe du RAPSIM en point de presse devant le logement en question.
Un peu plus loin sur la rue, Charles vit dans une maison de chambres ayant été vendue cet été. Les 20 ménages ont été avertis qu’ils devront probablement déménager en juillet prochain. Il est très inquiet pour la suite des choses. «Ici, on est tous des gens qui viennent directement de la rue. On ne paye vraiment pas cher, style entre 300$ et 400$ par mois. Beaucoup ne se retrouveront pas un autre endroit à ce prix-là et vont se retrouver à la rue», a-t-il témoigné.
Le RAPSIM demande à la Ville de protéger le parc de maisons de chambres existant. Ces chambres privées, qui se louent au mois et dont les cuisines et les salles de bain sont partagées, répondraient encore à un besoin des populations à risque d’itinérance.
«La perte de maisons de chambres met les locataires dans une situation de grande précarité. Il est toujours difficile pour eux de se reloger et trop souvent, les évictions sont faites sans qu’on respecte leurs droits», a affirmé Gaétan Roberge, organisateur communautaire au Comité logement Ville-Marie.
La Ville dit surveiller l’évolution de la situation. Si le nombre de maisons de chambre est en déclin dans Ville-Marie, il est stable dans les autres arrondissements, atteignant 170 au total, ce qui représente 2800 chambres. Depuis 2014, elle a d’ailleurs mené quatre projets d’achat et de rénovation de maisons de chambres, ce qui représente 104 unités. Mais le RAPSIM déplore que ces projets ne suffisent pas à remplacer celles qui sont perdues.
Par ailleurs, la Ville pourrait-elle refuser d’émettre un permis de construction lorsqu’il implique la démolition d’une maison de chambre? «Ça n’assure en rien la sauvegarde de la maison. Laissées sans soin par leurs propriétaires, les maisons pourraient rapidement devenir dangereuses», s’est opposé par courriel le relationniste de la Ville de Montréal François Goneau.
Le plan d’action montréalais en itinérance prévoit la réalisation entre 2014 et 2017 de 1000 logements et chambres pour les plus vulnérables. Jusqu’à présent, 478 sont complétés ou sont sur les rails.