Par le biais d’une vive manifestation, le syndicat des travailleurs de l’Institut Philippe-Pinel dénonce des coupes au sein des effectifs qui mettraient à mal la sécurité de l’hôpital psychiatrique.
Pancartes à la main, plus d’une cinquantaine d’employés de l’Institut Pinel ont bravé la neige pour manifester lundi en milieu de journée devant l’établissement, accompagnés par une musique mortuaire.
«C’est la mort de la sécurité, on ne la prend pas au sérieux», clame Sylvain Lemieux, président de la section 2960 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui se tient devant quelques dizaines de tombes creusées pour l’occasion.
«Un grave message qu’envoie la direction»
Alors que le poste de gardien de la guérite d’entrée vient d’être coupé, la SCFP s’inquiète que la «la sécurité des employés et des patients soit compromise par des coupes budgétaires.»
«C’est un grave message qu’envoie la direction. La sécurité est-elle vraiment la priorité ?», se questionne Sylvain Lemieux.
Également sociothérapeute au sein de l’Institut Philippe-Pinel, ce dernier met en avant une «inquiétante» hausse des interventions dans cet établissement qui accueille, comme l’écrit son site internet, des personnes atteintes «d’une maladie mentale associée à des comportements violents et à de la dangerosité» qui peuvent provenir de prison.
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Le nombre de patients que peut accueillir l’Institut Philippe-Pinel dans son établissement.
Le nombre d’interventions physiques a triplé
Selon des chiffres communiquées par le syndicat, le nombre d’accidents de travail a considérablement augmenté depuis trois ans, Alors que 187 étaient comptabilisés en 2014, ce chiffre a grimpé à 260 en 2015 et même à 287 cette année (chiffres arrêtés au 31 octobre).
Le nombre d’arrêts en CSST est quant à lui passé de 18 (2015) à 68 (2016) et le nombre d’interventions physiques, «lorsque le travailleur doit imposer la force pour contrôler ou maintenir un patient», précise Sylvain Lemieux, a plus que triplé, passant de 272 (pour l’année fiscale 2013/2014) à 874 (2015/2016).
Des équipes d’intervention réduite
Autres faits dénoncés, la fermeture en fin de semaine du secteur des ateliers de loisirs, mais aussi la coupure d’une équipe d’intervention d’urgence, composée de deux personnes. Celle-ci peut être amenée à contrôler des patients dangereux. Deux équipes seront à présent disponibles les vendredi soir, samedi et dimanche, contre trois par le passé.
«Parfois, des situations nous imposent d’agir avec deux équipes et un bouclier par exemple. Ce ne sera plus possible car il faut garder une équipe active s’il se passe autre chose», explique Sylvain Lemieux, inquiet pour les prochaines périodes de repas et de repos.
«Il n’y aurait qu’une seule équipe disponible et ça peut être dangereux. Je ne dis pas que demain quelqu’un sera blessé, mais ici, les patients sont imprévisibles.»
La direction réagit
La direction de l’Institut Philippe-Pinel, par le biais de son service de communication, reconnaît ces «mesures administratives» prises dans un contexte «d’équilibre budgétaire». Elle précise également que «d’autres activités ont été mises en place» pour pallier la «fermeture temporaire» de l’accès au secteur des loisirs.
Pour la direction, «la sécurité des patients, des employés et de la population est une priorité» et «une valeur fondamentale, qui guide nos décisions». «Ces coupures n’affectent pas les soins des patients», souligne-t-elle, assurant également que des caméras surveillent le périmètre de l’entrée.
L’Institut Pinel, une «vraie passoire» ?
Selon la section de l’Institut Pinel du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), «l’extérieur de Pinel est maintenant une vraie passoire», assure Sylvain Vallée, représentant du Comité paritaire santé sécurité au travail. «Ce n’est pas clôturé à l’avant, les clôtures sont déficientes sur les côtés, l’image des caméras le soir et la nuit laisse à désirer et il y a un manque flagrant d’éclairage sur certains secteurs», écrit-il dans le dernier journal syndical.
Ce dernier relate également quelques faits pour défendre l’utilité d’un garde à la guérite d’entrée. En novembre 2011, un chevreuil avec une flèche plantée a été aperçu à proximité de l’établissement, avant que deux hommes, armés d’arcs, ne soient intercepté sur le terrain de l’hôpital.
Sylvain Vallée évoque également des alertes à la bombe gérées «avec succès», l’interception physique d’un «homme en très grande détresse» en juillet 2015, puis celle d’un «homme intoxiqué» en mai dernier.