C’est enfin l’été et je ne peux que me réjouir. Être dehors, profiter de la nature, de l’énergie ambiante, de tout ce qui pousse et qu’on goûtera dans nos assiettes cet été.
Je ne sais pas pour vous, mais j’ai très hâte de goûter à mes premières tomates de saison. C’est frais, ça sent bon, c’est sucré et j’en mange de toutes les façons : crues, en sandwich, en salade, en pique-nique…
Et surtout, je choisis une tomate cultivée sans pesticides.
Tous les printemps au Québec, on répand des pesticides de synthèse par tonnes dans nos champs au nom du rendement agricole. Pourtant, ces produits n’ont rien pour me rassurer. Ils sont néfastes pour la santé humaine – des maladies professionnelles sont identifiées chez les agriculteurs qui y sont exposés quotidiennement – et ils finissent par se retrouver dans l’air, dans les eaux souterraines et de surface, dans les sols et, le plus inquiétant, dans nos aliments et dans notre eau potable.
Le ministère de l’Environnement avait testé en 2015 l’eau des rivières des régions agricoles. Plusieurs pesticides qualifiés comme les plus à risque avaient été identifiés dans, tenez-vous bien, près de 100% des échantillons. Certains dépassaient même les seuils admis de la qualité de l’eau.
Le glyphosate, par exemple, connu sous le nom de Roundup, est actuellement l’herbicide le plus répandu au Québec, et son utilisation a monté en flèche ces dernières années. Dernièrement, ses résidus ont été trouvés dans 30% des 3200 produits alimentaires courants (!) testés par l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Des études démontrent des liens entre l’exposition régulière aux pesticides et certaines maladies comme l’Alzheimer, la maladie de Parkinson, des troubles endocriniens et de développement. Le glyphosate lui-même a été déclaré «probablement cancérogène pour l’humain» par l’Organisation mondiale de la santé. Mais malgré cet aspect controversé, il vient de recevoir de nouveau le feu vert de la part du gouvernement fédéral.
Nous sommes exposés à chaque jour, à petite dose, à un cocktail de produits chimiques dont nous ne connaissons pas les effets combinés.
Et pourtant, la présence des pesticides est loin d’être une fatalité.
Au Québec, des fermes comme Les Jardins de la Grelinette, ont démontré qu’il est possible de produire biologique de façon intensive et d’être aussi rentable qu’une ferme conventionnelle. Tout cela, sur une surface de 0,8 hectare, sans utiliser des pesticides.
Plus loin, au Salvador, grand producteur de café, coton, maïs et canne à sucre, a interdit 53 pesticides à usage agricole, dont le Roundup, pour investir dans la culture des semences locales et rompre sa dépendance aux produits des multinationales. Depuis, le pays annonce déjà de meilleures récoltes.
En 2015, le gouvernement du Québec s’est engagé à réduire significativement les pesticides les plus dangereux pour la santé et l’environnement et à les taxer en fonction de leur degré de toxicité, comme font déjà plusieurs pays d’Europe.
En attendant, beaucoup reste à faire. Car certains pesticides encore utilisés chez nous sont sévèrement encadrés ailleurs dans le monde, comme l’atrazine, interdit dans l’Union européenne depuis 2004 et les néonicotinoïdes, dangereux pour les abeilles, déjà réglementés en Ontario et bientôt interdits en Europe dès 2018.
Ce n’est probablement que la pointe de l’iceberg.
Les risques des pesticides commencent à être de plus en plus documentés. En attendant, nous ne serons jamais trop prudents lorsqu’il s’agit de la santé de nos enfants et de celle de notre environnement.
Alors c’est certain que lorsque je mangerai une tomate chez moi, elle sera biologique. Mais cela n’est pas suffisant. Quand je serai au marché, je veux pouvoir croquer dans n’importe quelle tomate sans avoir peur d’ingurgiter des pesticides.