Cette question a été posée sur le site CurioCité où les citoyens de Montréal peuvent s’adresser directement aux journalistes de Métro et poser leurs questions.
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Actuellement, plus de 350 000 foyers montréalais ont reçu le bac brun qui permet de mettre ses déchets de table dans une poubelle à part pour les envoyer au compostage plutôt qu’au dépotoir. Cette méthode permet par la suite d’obtenir du compost et limite aussi les émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre.
Petit problème, toutefois: le contenu du bac brun des Montréalais est actuellement envoyé vers deux sites (Saint-Thomas et Brownsburgh-Chatam) à plus de 60 kilomètres de Montréal. En effet, la construction sur l’île des quatre usines de compostage et de biométhanisation a pris du retard, notamment à cause de chicanes sur le choix des emplacements.
«Les gens croient à tort que les sites de compostage causent des odeurs, mais quand c’est bien fait, il n’y a aucun problème», souligne Gabriel Michaud, de Compost Montréal, un service privé de collecte et de compostage à Montréal, à l’œuvre depuis 10 ans.
Le secret d’un bon compost, c’est de l’aérer régulièrement souligne M. Michaud. Compost Montréal récolte plus d’un million de kilos de déchets de la part de commerces, d’institutions et lors d’évènements tels que le Sommet jeunesse 2017.
«En aérant les matières putrescibles, on ajoute de l’oxygène, ce qui améliore le processus de décomposition. La chaleur générée tue les pathogènes responsables des odeurs ce qui n’est pas le cas dans les dépotoirs où les matières enfouies créent du lixiviat (le jus de poubelle) qui produit ensuite beaucoup de méthane, un gaz très polluant», souligne M. Michaud.
L’autre enjeu du compostage, c’est d’obtenir de la part des citoyens des déchets qui ne soient pas contaminés par du plastique par exemple, sinon le compost produit ne sera pas sécuritaire pour cultiver des aliments.
«Chez Compost Montréal, quand on collecte des déchets, on peut déceler la présence de contaminants tels que des gants de latex, des emballages de plastique ou du carton ciré par exemple. «Et si c’est le cas, on avise les clients car c’est important pour parvenir chaque année à produire un compost de qualité agricole», ajoute M. Michaud.
Selon lui, il est difficile pour une municipalité de gérer la contamination dans les premières années des programmes de compostage. «L’éducation et la sensibilisation dans l’optique de réduire la contamination au maximum nécessitent généralement du temps», dit-il.
Si le compost produit n’est pas de qualité agricole, il peut être utilisé pour recouvrir les couches de déchets finaux au dépotoir, ou pour faire pousser des cultures non alimentaires comme par exemple le maïs destiné aux biocarburants.
De son côté, la Ville de Montréal indique demander dans ses contrats que le processus de compostage réponde aux plus hautes normes du ministère de l’Environnement. «Le compost fabriqué peut donc servir à tous les usages, dont l’agriculture sans restriction», écrit Marie-Ève Courchesne, porte-parole de la Ville.
Le compost réalisé à partir du contenu des bacs bruns des Montréalais reste propriété des deux entreprises privées qui assurent le compostage des matières. Pour éviter la contamination du contenu des bacs brun, un premier tri grossier est effectué à la réception des matières, lors du retournement des andains en vue de leur aération, par un tamisage final ou par l’ajout de matières carbonées ou azotées, lors de la préparation de la recette finale du compost.
Ce dernier servirait principalement à la composition de terreau et de mélanges de terreau vendus en vrac dans les centres de jardin, indique la Ville. Pour ses propres besoins horticoles, Montréal ne récupère que les matières issues du compostage des résidus verts (gazon, sapins etc.)