Si vous avez mon âge, vous vous souvenez du Festival de Jazz Du Maurier et de publicités à la télévision avec des cowboys machos qui fumaient des Marlboros! Face à l’urgence de lutter contre le tabagisme, les gouvernements ont très vite réalisé l’importance de l’information au consommateur et ont choisi d’interdire la publicité du tabac.
Ne serait-il pas grand temps qu’on prenne la même approche pour protéger notre climat?
Lorsqu’on discute avec les représentants de l’industrie automobile de la nécessité de fabriquer des véhicules moins énergivores, voire sans aucune émission (comme les voitures électriques), ils ressortent systématiquement le même argument : nous ne faisons que répondre aux «demandes» des consommateurs. Ce qu’ils négligent de mentionner c’est qu’ils sont le principal moteur de cette «demande».
L’industrie automobile est l’industrie qui investi le plus en publicité. On parle de dizaines de milliards de dollars. À elles seules, General Motors, Chrysler et Ford dépensent globalement 8 milliards de dollars par année pour nous vendre ses camionnettes, ses minifourgonnettes, ses SUV et, dans une moindre mesure, ses voitures.
Depuis que je suis tout petit, je regarde la soirée du hockey, une présentation de Ford… Pas besoin d’avoir un doctorat en psychologie pour comprendre l’impact de se faire répéter des milliers, voire des millions de fois, qu’il faut s’acheter un gros véhicule pour être (SVP compléter cette phrase vous-même) fort, puissant, rapide, branché, sexy, un vrai homme… Nous avons été conditionnés pour acheter des chars et, si possible, des gros chars.
Dans le tout petit marché publicitaire du Québec, l’industrie investit près de 500 millions de dollars par année à nous vendre les vertus de se déplacer, seul, avec notre petit sac à lunch, matin et soir, à 15 ou 20km à l’heure (dans le trafic) dans une camionnette qui peut rouler à 200km à l’heure transportant 5 gros joueurs de la NLH et un Ski-Doo sur une route de terre au cœur des Rocheuses!
Pourquoi utilisons-nous ces énormes véhicules pour se «stationner», matin et soir, sur le pont Champlain?
Si nos sociétés de transports en commun avaient 5% de ces 500 millions de dollars en publicité, elles pourraient sans doute quadrupler le nombre d’usagers dans les autobus sur la voie réservée du pont Champlain!
Il est temps de se demander comment réellement changer les habitudes des consommateurs. Un premier pas, doit être de progressivement restreindre la publicité de véhicules polluants. Contrairement au tabac, il ne serait pas nécessaire d’interdire complètement la publicité. On pourrait, par exemple, interdire la publicité des véhicules les plus polluants comme les grosses camionnettes. Du même coup, il faut augmenter massivement les budgets des sociétés de transport en commun.
Je rêve d’entendre, « la Soirée du Hockey, une présentation de…. la STM»!
Suivez Sidney Ribaux.