Dans la course à la mairie de Montréal, les projecteurs sont braqués sur Denis Coderre (Équipe Coderre) et Valérie Plante (Projet Montréal), mais loin des caméras, cinq candidats indépendants essaient aussi de faire valoir leurs idées. Métro a tenté d’en savoir plus sur ceux qui, dans l’ombre, aspirent également à diriger la Ville de Montréal le lendemain du 5 nombre prochain.
Bernie Gurberg
M. Gurberg s’engage notamment de s’attaquer à la pauvreté. «J’ai appris que 34% des Montréalais vivent sous le seuil de la pauvreté et ça m’a frappé. Je veux aider les petites entreprises à créer de meilleurs emplois», explique-t-il, précisant que c’est ce qui l’a incité à se lancer en politique. «Cette année, nous avons fait un party à 1G$ [le 375e de Montréal] et personne n’en a profité, estime-t-il. Comment peut-on dépenser tout cet argent plutôt que de s’occuper des personnes qui ont faim.»
Âgé de 76 ans, Bernie Gurberg croit qu’il est temps pour lui de redonner à Montréal, la ville où lui, ses grands-parents, ses parents, ses enfants et ses petits-enfants sont nés. (Dominique Cambron-Goulet)
Tyler Lemco
S’il appelle les citoyens à vandaliser ses affiches électorales, Tyler Lemco assure qu’il ne se présente pas pour se moquer des politiciens. «Au fond, je souhaite qu’à travers ma candidature, les électeurs se reconnectent à la politique et qu’ils expriment leurs attentes», raconte l’homme de 29 ans.
N’attendez donc pas d’autres promesses électorales, mis à part l’abolition du règlement anti-pitbull. «Quand les gens me demandent quelle est ma plateforme électorale, je leur demande plutôt ce qu’ils veulent», dit-il. À ceux qui pensent s’abstenir de voter le 5 novembre par désintérêt, Tyler Lemco leur recommande plutôt de venir voter pour lui.
S’il est élu, Tyler Lemco ne serait pas le premier maire insolite. En 2010, l’humoriste islandais Jón Gnarr avait gagné les clés de la mairie de Reykjavik en promettant des serviettes gratuites dans les piscines et un ours polaire pour le zoo. Et figurez-vous que le mandat de 4 ans de l’ancien bassiste d’un groupe punk n’a pas été une catastrophe du tout! (Mathias Marchal).
Fabrice Ntompa Ilunga
Fabrice Ntompa Ilunga ne s’est pas lancé dans la course la mairie de Montréal à moitié. «J’y vais pour gagner et c’est faisable», insiste-t-il, en expliquant vouloir offrir aux Montréalais une voie différente de celle prise par les deux principaux candidats. Pour gagner l’élection, il mise sur la culture, l’entreprenariat, la diversité et la participation citoyenne.
S’il est élu, il
Montréalais d’origine congolaise, ce père de famille de 29 ans souhaitait initialement se lancer dans la course à l’élection provinciale de 2018 pour représenter les minorités visibles au Québec. Finalement, c’est vers Montréal qu’il s’est tourné, estimant avoir plus d’impact comme maire. «Dans une ville qui a 30% de [personnes issues des] communautés culturelles, on a un grand rôle à jouer dans ce dossier», dit-il.
Avec un budget de campagne minime, le candidat indépendant travaille surtout sur le terrain, où lui et ses bénévoles distribuent des feuillets électoraux directement aux citoyens. Placarder toutes les rues de la ville est trop cher, selon lui, et surtout inutile. S’il estime que sa campagne se passe bien, il regrette l’omniprésence médiatique de Valérie Plante et de Denis Coderre, au détriment des autres candidats. «Depuis plusieurs années, on parle du désintérêt des citoyens pour la politique, surtout chez les jeunes. Là ,je me lance et, en plus, je suis issu d’une minorité visible. Il y avait moyen de faire place aux autres candidats», s’insurge-t-il. (Simon Mauvieux)
Philippe Tessier
Philippe Tessier a décidé de se lancer dans la course à la mairie de Montréal pour donner une voix aux travailleurs, a indiqué son agent officiel, Beverley Bernardo. Engagé dans la Ligue communiste, M. Tessier n’était pas disponible pour répondre aux questions de Métro puisqu’il se trou
Âgé de 24 ans, Philippe Tessier croit que les travailleurs doivent prendre le pouvoir «pour résoudre la crise du système capitaliste». Dans ses documents de campagne, il donne l’exemple de Cuba où «les travailleurs peuvent se transformer en effectuant une révolution socialiste».
M. Tessier a par ailleurs pris position en faveur du salaire minimum à 15$ de l’heure et contre la déportation des réfugiés et du projet de loi sur la neutralité religieuse. Il s’est aussi porté à la défense de Tom Harding et Richard Labrie, tous deux accusés de négligence criminelle à la suite de la tragédie de Lac-Mégantic. «Leur condamnation serait une injustice horrible», a-t-il écrit, en évoquant «la course frénétique à la productivités» au détriment de la sécurité au travail. (Marie-Eve Shaffer)
Gilbert Thibodeau
Agé de 59 ans, Gilbert Thibodeau n’en est pas à sa première campagne électorale à Montréal. Candidat au poste de conseiller municipal dans les années 1990, cet entrepreneur, qui est à la tête d’une firme informatique, avait tenté sa chance, en vain, comme député fédéral avec le Parti libéral en 2011, avant de représenter les couleurs d’Équipe Coderre, pour battre Luc Ferrandez à la mairie du Plateau–Mont-Royal deux ans plus tard.
Affirmant être bien au fait de la réalité des commerçants, cet ancien restaurateur a déjà fait le tour des arrondissements au cours de l’été pour rencontrer citoyens, commerçants et élus actuels. «Je ne veux pas être que la voix des commerçants, mais la voix de tous les Montréalais. Et à 98%, les maires que j’ai rencontrés sont d’accord avec mon programme», jure celui qui s’engage notamment à revoir l’actuel règlement animalier, qui interdit la présence de nouveaux chiens de type pitbull. Un point diffère: sa volonté de réduire le nombre d’élus, au nombre de 103 actuellement. «Ils ne veulent pas perdre leur poste», sourit-il.
Autre élément marquant de la campagne de Gilbert Thibodeau: le projet de loi 62 sur la neutralité religieuse. Alors que celui-ci a créé énormément de remous, le candidat s’oppose à la réaction du maire sortant, Denis Coderre. «Il dit qu’il ne respecterait pas cette loi, mais un maire doit respecter la loi, sinon, tu ne peux pas être un élu, clame-t-il. Moi je la ferais respecter, même si elle n’est pas tout à fait à mon goût.» (Romain Schué)