Montréal

Un Bureau de l’ingénieur général suggéré pour optimiser les grands chantiers

Dans le cadre du projet Bonaventure, la Ville procède notamment à la reconstruction d'infrastructures souterraines ainsi qu'à des travaux d'éclairage et de réaménagement géométrique sur la rue Nazareth entre Saint-Jacques et Ottawa.

Pour que Montréal gère mieux ses grands chantiers, des employés municipaux recommandent la création d’un Bureau de l’ingénieur général.

Si l’administration municipale montréalaise dispose déjà d’un inspecteur général, d’un contrôleur général et d’un vérificateur général, le Syndicat professionnel des scientifiques à pratique exclusive de Montréal (SPSPEM) assure qu’elle aurait tout intérêt à se doter d’un ingénieur général indépendant, mais aussi d’un groupe de recherche et d’une politique de rétention des talents.

«Les idées qu’on met de l’avant augmentent à mon sens la transparence, l’excellence et l’expertise interne», a déclaré mardi en conférence de presse, André Émond, président du SPSPEM, qui représente 450 ingénieurs, chimistes, arpenteurs géomètres et vétérinaires de la Ville de Montréal.

L’ingénieur général et le groupe d’experts seraient notamment chargés d’intervenir en amont des grands chantiers pour vérifier si les solutions préconisées répondent bien aux besoins et que les travaux réalisés sont faits dans les règles de l’art. Ils pourraient aussi faire un bilan non partisan de certains projets qui auraient mal tournés.

Selon M. Émond cela permettrait par exemple de savoir combien coûte la construction d’un kilomètre supplémentaire de tunnel de métro ou s’il aurait mieux fallu installer le système rapide par bus sur le boulevard Pie-IX dans les voies du milieu ou celles du centre.

Le manque d’expertise interne a aussi forcé la Ville à recourir à un expert dans le projet d’ozonation des eaux usées. Cet expert a préconisé au final la technologie de l’entreprise pour laquelle il avait préalablement travaillé, provoquant l’ire d’un des concurrents écartés qui a pris la peine d’écrire à la Ville pour dénoncer le processus d’octroi du contrat. Un ingénieur indépendant aurait pu évaluer la situation et présenter des recommandations, croit André Émond.

Questionné à ce sujet, le candidat à la mairie, Denis Coderre, s’est dit très ouvert à cette idée. «Je trouve ça très intéressant d’avoir une capacité de vérification en amont, a-t-il affirmé. Ça me plaît d’avoir des mesures qui vont assurer l’intégrité du travail à accomplir.»

De son côté la cheffe de Projet Montréal, Valérie Plante, a déclaré que l’idée est «intéressante et rejoint les préoccupations maintes fois exprimées par Projet Montréal depuis le début de la campagne», que ce soit à travers une brigade d’inspection des chantiers ou la création d’une Commission de reddition de comptes.

Le Bureau de l’ingénieur général disposerait en outre d’une ligne téléphonique «qui permettait notamment aux employés d’exprimer des éléments portant à controverse sans risque de se faire sanctionner», a ajouté M. Émond.

Lundi, sur les ondes de la radio de Radio-Canada, le conseiller principal au syndicat regroupé des cols bleus, Hans Marotte, avait déclaré que plusieurs de ses membres avaient été sanctionnés, voire suspendus, car ils avaient fait des déclarations critiquant la Ville de Montréal sur les réseaux sociaux.

Le SPSPEM n’a pas voulu entrer dans la polémique visant l’administration Coderre soupçonnée d’intimider ses employés. «Il y a des règles de loyauté vis-à-vis l’employeur qu’il faut respecter et oui il y a des craintes de sanction», a convenu M. Émond qui croit que les solutions proposées par son syndicat permettraient justement de faire avancer les choses. «On est prêt à en discuter avec les deux candidats», a-t-il ajouté.

 Avec Dominique Cambron-Goulet

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