Le conseil municipal de Montréal a décidé lundi soir de «bannir graduellement» la vente et la distribution de boissons sucrées des édifices municipaux.
Même si aucune date précise n’a encore été annoncée, il ne sera bientôt plus possible d’acheter des boissons sucrées dans les arénas, dans les chalets des parcs ou encore dans les machines distributrices placées dans les bibliothèques ou dans les piscines publiques.
Une telle mesure n’était pourtant pas à l’ordre du jour de cette séance mensuelle mais a été suggérée par l’opposition officielle au cours d’un long débat au sujet d’une taxe d’accise, nationale, sur les boissons sucrées, que les élus ont décidée de réclamer à Ottawa.
Chef de Coalition Montréal, Marvin Rotrand a proposé une taxe de 20%, qui pourrait inciter les consommateurs à changer leurs habitudes. Les revenus de celle-ci devraient ensuite être partagés avec les municipalités, ont demandé les élus.
Pour «une question de cohérence», le chef de Mouvement Montréal, Lionel Perez, a suggéré à l’administration Plante de profiter de ce sujet pour interdire la vente et la distribution de tels breuvages dans l’ensemble des installations sportives, récréatives et culturelles, dans un délai de 12 mois. «C’est bien beau d’imposer une taxe, mais nous-même, on a des gestes à poser», a-t-il souligné.
Cet échéancier, pour des questions de «faisabilité», a cependant été refusé par l’administration Plante.
En accord avec l’opposition, Projet Montréal a finalement proposé de «bannir graduellement» ces boissons sucrées dans les édifices publics. Concrètement, l’administration va attendre la renégociation des actuels contrats avant de mettre en place ces mesures dans l’ensemble des arrondissements.
«C’est important pour des raisons de santé publique, a souligné la mairesse Valérie Plante, qui souhaite mettre en place «une offre d’alimentation plus saine». Il faut avoir une vision holistique de la santé et proposer autre chose que des boissons très calorifiques et très sucrées.»
«C’est un grand pas en avant», a félicité Marvin Rotrand, à l’initiative de ce débat.
«C’est un sujet dont on parle depuis un bout de temps. Il y a des décisions qui peuvent être prises. On va faire un virage graduel. C’est un message important à envoyer comme quoi la santé, on la prend au sérieux.» – Valérie Plante, mairesse de Montréal
Alors qu’un tel règlement est déjà en vigueur dans les arrondissements de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et de Saint-Laurent, la Fondation des maladies du cœur et AVC a salué «le courage politique» des élus montréalais.
«C’est une excellente nouvelle pour la santé des Montréalais, un geste responsable et un grand signal envoyé aux autres municipalités, aux gouvernements du Québec, du Canada, mais aussi à la population», a noté Kevin Bilodeau, directeur des relations gouvernementales de l’organisme.
La Coalition Poids est quant à elle «certaine» que cette décision aura «un effet». «C’est vraiment un gros pas vers la bonne direction. C’est une belle victoire, a mentionné Corinne Voyer, directrice de Coalition Poids. La Ville de Montréal témoigne de son leadership et les résultats vont se faire sentir.»
Cette décision n’a cependant pas obtenu l’unanimité du conseil municipal. Alors que le conseiller de LaSalle, Richard Deschamps, a exprimé son «malaise», le maire d’Anjou, s’est lui-aussi opposé à cette idée. «Allons-nous instaurer une police du sucre? a-t-il questionné, avant d’indiquer que chacun est capable «par soi-même» une telle décision. Je n’imposerai pas ça à mes citoyens. Je suis très mal à l’aise.»