L’avocat qui représente les automobilistes lésés pendant le cafouillage des services d’urgence qui s’est produit l’an passé, pendant une tempête de neige, sur l’autoroute 13, demande qu’un règlement à l’amiable soit convenu rapidement.
«Dans une société nordique comme le Québec, il est incompréhensible et inacceptable qu’une telle tragédie se soit produite. Nous constatons avec joie que plusieurs mesures correctrices ont été mises en place. La seule chose qui manque, c’est la compensation pour les victimes et nous croyons sincèrement que le gouvernement et la Ville de Montréal doivent collaborer pour que nous réglions positivement et rapidement ce dossier», a déclaré mercredi Me Marc-Antoine Cloutier, qui pilote le recours collectif au cabinet Trudel, Johnston & Lésperance.
Me Cloutier a souligné que la Ville de Montréal refuse de s’asseoir à la table de discussion pour un règlement à l’amiable, alors que les avocats des ministères des Transports et de la Sécurité publique y sont ouverts.
«Même si le premier responsable est le gouvernement, car les autoroutes sont de responsabilité provinciale, la Ville de Montréal a une responsabilité importante, notamment parce que, parmi les gens coincés, une bonne partie sont des habitants de Montréal», a ajouté Me Cloutier. Ce dernier espère une entente d’ici deux à quatre semaines afin d’éviter d’étirer inutilement les procédures judiciaires. étant donné que le gouvernement s’est déjà excusé.
Le ministère des Transports du Québec a évoqué le processus judiciaire en cours pour ne pas pouvoir confirmer ou infirmer les affirmations de Me Cloutier. Même son de cloche du côté de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui n’a pas voulu commenter le dossier, ou même s’asseoir avec les parties prenantes.
En novembre 2017, soit à peine huit mois après les faits, la Cour supérieur du Québec a en effet autorisé que soit intenté un recours collectif contre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec en raison du cafouillage dans la gestion des services d’urgence lors de la tempête de neige survenue le 14 mars de la même année.
Les défenseurs invoquaient que le principe du no-fault prévu dans la Loi sur l’assurance automobile devait s’appliquer, mais le juge avait écarté cet argument. Il avait plutôt conclu que les automobilistes avaient utilisé leur véhicule comme abri en pleine tempête et non pour se déplacer.
Pour chaque personne inscrite au recours collectif, un dédommagement d’au moins 2500$ est demandé, dont 500$ en dommages punitifs, en plus de pertes matérielles subies. Selon les témoignages recueillis il y aurait au moins 2000 personnes concernées qui étaient présentes dans des autos, mais aussi des autobus et des taxis. Les sommes éventuellement versées varieront, selon la gravité des préjudices subis. Dans les témoignages reçus, il y a notamment des gens avec des problématiques médicales qui n’ont pas pu prendre leurs médicaments», a précisé me Cloutier.
Des gens comme Jacques Laramée qui, un an, plus tard, parle encore de l’évènement avec des trémolos dans la voix. «Pendant 10 heures, je n’ai vu aucun secours, alors que ça circulait bien en sens inverse. Au bout d’un moment, sans eau, sans médicament alors que je suis diabétique, je me suis senti pris en otage. Et encore aujourd’hui j’ai du mal à raconter mon histoire», a-t-il relaté en conférence de presse.
Dans la nuit du 14 au 15 mars dernier, une tempête de neige s’est abattue sur la métropole, laissant près de 35 centimètres s’accumuler. À la suite de l’enlisement de camions lourds, 300 automobilistes ont été coincés sur les autoroute 13 et 520 pendant toute une nuit. Ils ont été libérés seulement au matin du 15 mars. Les voies rapides ont été complètement dégagées sur l’heure du midi.
Chronologie des événements
– 14 mars, vers 14h30: une importante tempête de neige frappe le sud-est du Québec. Elle s’intensifie au courant de l’après-midi et de la nuit;
– 14 mars, 18h04: Un camion s’enlise dans la bretelle donnant accès à l’A-520 Est;
– 14 mars, 19h15: Un autre camion se met en portefeuille dans la bretelle d’accès menant à l’A-20 Est. La circulation est interrompue sur l’A-13 Sud entre la sortie de la rue Hickmore et l’A-20;
– 14 mars, 19h59: Un autre camion se met en portefeuille sur la voie de l’A-13 Sud, juste avant la sortie Hickmore. La circulation est interrompue sur l’A-13 entre l’A-5120 et la sortie de la rue Hickmore;
– 14 mars, 20h05: Un autre camion s’enlise dans la bretelle d’accès menant à l’A-20 Est;
– 14 mars, 20h30: Un autre camion bloque la bretelle d’accès l’A-520 Ouest. La circulation est interrompue sur l’A-13 Sud entre l’A-40 et l’A-520;
– 14 mars, 20h40: Le chef d’équipe en fonction au Centre intégré de gestion de la circulation du MTQ fait état à son supérieur, le chef par intérim, du blocage de la circulation sur l’A-13 à la hauteur de l’A-520;
– 14 mars, 23h30: Un premier appel conférence est convoqué par la sécurité civile de la Ville de Montréal. Le MTQ ne mentionne pas lors de cet appel que des citoyens sont pris sur l’A-13;
– 15 mars, 01h40: Un deuxième appel conférence est convoqué par la sécurité civile de Montréal. Le MTQ ne participe pas à cet appel;
– 15 mars, 02h30: La SQ commence à dégager progressivement l’A-13 Sud entre l’A-40 et l’A-520;
– 15 mars, 03h27: Le Service des incendies de Montréal (SIM) reçoit un appel de la SQ lui demandant s’il a la capacité d’intervenir afin d’évacuer les personnes prises dans les quelque 300 véhicules immobilisés sur l’A-13;
– 15 mars, 04h29: Le SIM «prend l’initiative» de dépêcher des véhicules de secours sur place;
– 15 mars, 05h08: Un autobus contenant des bouteilles d’eau, des couvertures et des toilettes est envoyé sur les lieux. Plusieurs personnes sont évacuées vers un centre d’hébergement de Lachine;
– 15 mars, 06h30: La SQ commence à dégager progressivement l’A-13 Sud entre l’A-520 et la sortie Hickmore.