MONTRÉAL – Malgré l’annulation de la hausse des droits de scolarité par le nouveau gouvernement péquiste, des centaines de personnes ont encore une fois envahi les rues du centre-ville de Montréal, samedi, à l’appel de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE).
«Notre but en faisant cette manifestation est de relancer le débat sur la gratuité scolaire», a déclaré Jeanne Reynolds, l’une des porte-parole de la CLASSE, avant le début de la marche. «Beaucoup de gens ignorent que la gratuité n’est pas un choix économique mais politique et que nous pourrions facilement la financer.»
Pauline Marois a profité de sa première journée officielle à la tête de la province jeudi pour remplir sa promesse électorale d’abolir la hausse décrétée par l’ancien gouvernement libéral. La première ministre propose plutôt une indexation des droits de scolarité en fonction de l’inflation, mais a promis d’organiser un sommet sur l’enseignement supérieur.
Reconnaissant que cette annonce était une bonne nouvelle pour elle, la CLASSE a toutefois souligné que la décision ne s’appliquait qu’à l’année scolaire 2012-2013.
«Ce n’est pas une victoire permanente et le sommet sur l’éducation pourrait aussi en décider autrement», a fait valoir samedi Camille Robert, une autre porte-parole de la CLASSE. «Ce n’est pas nécessairement un gel des frais de scolarité qui va ressortir de tout ça. Alors je pense qu’il faut rester alerte et poursuivre les manifestations.»
Selon Françoise David de Québec solidaire, qui a participé au rassemblement de samedi, il est peu probable que l’abolition pure et simple des droits de scolarité soit réalisée dans le contexte d’un gouvernement minoritaire.
Mais Mme David a indiqué que son parti était en faveur de la gratuité et qu’il continuerait à en faire la promotion. Elle a soutenu que sa formation politique avait démontré que c’était économiquement possible de le faire sur une période de cinq ans durant laquelle les droits de scolarité seraient progressivement abolis, et ce, sans que le financement des universités ne s’en trouve réduit.
La députée de Gouin a cependant reconnu que le Parti libéral et la Coalition avenir Québec (CAQ) étaient tout à fait contre cette idée. Elle a ajouté qu’il faudrait y aller étape par étape afin de convaincre la population que la gratuité scolaire est réalisable.
La manifestation de samedi s’est déroulée dans le calme et sous une pluie diluvienne. Il y a eu quelques brèves escarmouches isolées entre les policiers et certains manifestants. Selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), deux personnes ont été arrêtées après que des projectiles eurent été lancés et un agent a été blessé au genou. Le SPVM n’a pas précisé si des accusations allaient être déposées.
Samedi, Françoise David a aussi affirmé que Québec solidaire était en faveur de l’ouverture d’une enquête publique sur le travail des policiers durant le conflit étudiant telle que réclamée par un groupe de professeurs dans une lettre publiée par le quotidien Le Devoir.
«Nous appuyons cette demande parce que nous avons le sentiment qu’à plusieurs moments, il y a eu des dérapages policiers», a déclaré Mme David. «Mais nous voulons une enquête publique vraiment indépendante qui ne devra rien à personne, sinon à la population.»