Quatre maires anglophones de l’île de Montréal dénoncent des manquements dans les règles électorales concernant le découpage des circonscriptions et demandent aux chefs de partis politiques de promettre d’y remédier.
Mardi, les maires de Ville-Mont-Royal, Hampstead, Côte-Saint-Luc et Montréal-Ouest, de même que le conseiller municipal Marvin Rotrand, sont montés au créneau pour dénoncer la carte électorale qui prévaudra le 1er octobre prochain.
En ligne de mire, le calcul de la taille des circonscriptions. Selon les chiffres fournis par Élections Québec, la circonscription moyenne fait 48 952 électeurs. La population des circonscriptions n’est pas censée être supérieure ou inférieure de 25% de cette moyenne, ce qui fait en sorte qu’une circonscription ne devrait théoriquement pas avoir plus de 60 414 électeurs ou moins de 36 290.
Or, ce n’est pas le cas. «En dehors des Îles-de-la-Madeleine, six circonscriptions ont trop peu d’électeurs, ce qui signifie que les électeurs là-bas peuvent avoir jusqu’à deux fois plus de poids qu’un électeur dans une circonscription populeuse», a dénoncé M. Rotrand.
La circonscription de Gaspé, par exemple, qui compte 30 081 électeurs (soit 39% de moins que la moyenne) aura droit à un député, soit autant que la circonscription d’Arthabaska, qui représente pourtant 60 338 électeurs.
Si le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) convient que le poids d’un électeur ne doit pas être disproportionné par rapport au poids d’un autre, «cette condition bien qu’essentielle n’est pas exclusive et des facteurs comme les caractéristiques géographiques, l’histoire et les intérêts des collectivités, par exemple, doivent être pris en considération», a-t-il indiqué mardi.
Dans le cas de l’Abitibi, le redécoupage est notamment impossible sans toucher à l’unité des communautés culturelles, a donné comme exemple la Commission de la représentation électorale dans un rapport de juin 2017. En Gaspésie, c’est surtout l’aspect géographique et le risque de dépasser le seuil de 25% qui limitent les possibilités de redécoupage ou de fusion des circonscriptions.
«Très bien, alors augmentez le nombre de circonscriptions et de députés à 140 afin de rétablir l’équilibre», a lancé l’éditeur du Suburban Beryl Wajsman, qui pilote un recours judiciaire contre la fusion des circonscriptions d’Outremont et de Ville-Mont-Royal. Celle-ci a eu pour conséquence de scinder les communautés hassidiques et philipino.
Avant 2017, la communauté du centre-ouest de Montréal comptait sur trois députés représentant en moyenne 42 000 électeurs chacun. Après le redécoupage, il n’en reste plus que deux pour 56 000 électeurs chacun. «C’est moins de voix pour se faire entendre auprès du gouvernement», a souligné l’ancien député de D’Arcy-McGee, Lawrence Bergman.
Ce dernier se rappelle que dans son bureau de circonscription, il recevait beaucoup de visites de nouveaux arrivants. «Ils ne sont pas encore comptabilisés comme électeurs, mais sollicitent le député local. Donc, techniquement, si on les comptait, on dépasserait les 80 000 électeurs desservis», a-t-il ajouté pour illustrer l’iniquité causée par la nouvelle carte électorale.
Pour les politiciens de l’Ouest-de-l’île, le fait que la circonscription Sainte-Marie-Saint-Jacques de Manon Massé n’ait finalement pas été dissoute est la preuve que la Commission du redécoupage électoral est sensible aux pressions politiques. Leur cause sera entendue en 2019.