Les fusions municipales ont coûté plus cher à Montréal que la corruption qui a gangrené son administration.
C’est ce que démontre le maire de Westmount, Peter Trent, dans son livre La Folie des grandeurs, lancé lundi. Il évalue de manière très conservatrice que la corruption coûte environ 150M$ par année aux contribuables montréalais alors que le prix des fusions s’élève annuellement à environ 400M$, soit 215$ per capita.
«Depuis trois mois, on parle beaucoup de la corruption, mais personne ne parle d’un chiffre beaucoup plus important, celui de la fusion», a-t-il affirmé lundi.
Cette hausse des coûts liés à la fusion est entre autres due, selon le maire de Westmount, aux salaires des fonctionnaires montréalais qui sont plus élevés que les autres employés de l’état, à l’équité des services entre les arrondissements et à l’intensification de la bureaucratie municipale.
Les fusions municipales ont permis au système de corruption de prendre davantage d’ampleur que si le statut quo municipal avait été préservé au début des années 2000, a avancé M. Trent. «Lorsqu’on est petit, il y a beaucoup plus de surveillance des citoyens, a-t-il mentionné. À Montréal, il n’y a aucune surveillance. C’est impossible. Le scandale d’Outremont, ce sont les citoyens qui l’ont découvert. À Montréal, ce sont les journalistes qui ont découvert les scandales».
Pour l’ardent opposant aux fusions municipales, celles-ci ne sont que le résultat des mensonges du gouvernement de Lucien Bouchard. Il prévoyait que les fusions entrainerait des économies d’échelles de 5%, qu’elles freineraient l’exode vers les banlieues et que les taxes des banlieues seraient redirigées vers la ville de Montréal. «Le gouvernement savait que ça n’arriverait pas au moment d’adopter la loi sur les fusions municipales, s’est indigné M. Trent. Et ils l’ont fait malgré tout.»
Peter Trent ignore les motivations qui ont poussé le gouvernement de Lucien Bouchard à fusionner des municipalités. «Un peu d’idéalisme sans doute», a-t-il tenté d’expliquer. Son livre de plus de 800 pages n’a pas été écrit sur un ton vindicatif, a-t-il assuré, mais il a été écrit avec beaucoup de tristesse.
Pour atténuer les traces du «fiasco des fusions-défusions» comme il le décrit, Peter Trent propose de réduire la bureaucratie municipale et de décentraliser le pouvoir vers les arrondissements. Le conseil d’agglomération et ses commissions devraient, selon lui, être remplacés par trois organismes qui seraient dédiés au transport en commun, à l’eau et aux services d’urgence. Il croit aussi que les partis politiques et le comité exécutif devraient être éliminés et que le conseil municipal devrait être réformé et comprendre seulement 19 membres.
«La solution ne se trouve pas à Montréal, mais à Québec», a indiqué le maire de Westmount. Il croit que le gouvernement de Pauline Marois pourrait être à l’écoute des ses propositions puisqu’il y a encore, selon lui, beaucoup de Montréalais qui sont furieux contre le Parti Québécois d’avoir imposé les fusions en 2002.