Environnement

Défi: Sept jours pour devenir plus écolo

À l’heure où le débat environnemental prend de plus en plus de place dans l’espace public, notamment avec l’invitation à signer le Pacte pour la transition qui a été honorée jusqu’ici par plus de 247 454 personnes, notre journaliste Environnement fait sa part et a consulté une coach en transition écoresponsable afin de devenir plus écolo. Avertissement: le défi environnemental que nous aurons tous à relever est assez costaud, mais ça peut aussi être amusant et gratifiant!

Dimanche
Aïe! Après dix minutes de questions, le calculateur web du Global footprint network est implacable: même si je suis 65% plus vert que le Canadien moyen, je consomme 1,7 fois trop pour les ressources de la planète. Pourtant, j’habite un petit condo en ville, je fais du vélo, de l’autopartage, j’ai un seul enfant et pas de climatisation. Grâce au calculateur, je vois que 43% de mon bilan carbone dépend des choix des dirigeants du Québec et du Canada pour lesquels je ne peux rien faire (à part voter et manifester). Le reste (57%), ce sont mes habitudes de consommation. Si je veux être carboneutre, il faut que je devienne végétarien (l’alimentation = 29% de mon empreinte carbone) et que j’arrête d’aller dans le Sud l’hiver (l’avion = 21% de mon mes émissions annuelles). Iiicchhh!

Lundi
Ma coach, Michelle Laurin (0,8 planète), alias La Simplificatrice, me rassure. «Oui, ça peut être fâchant de voir que les efforts ne donnent pas tous les résultats espérés, mais il ne faut pas se décourager», lance l’ancienne traductrice qui exerce désormais un métier d’avenir, coach en transition écoresponsable. Elle veut ainsi partager son expérience et ses bons plans avec les gens qui n’ont ni le temps, ni l’énergie pour se lancer. Après avoir passé 30 minutes à ouvrir les placards du condo, elle me dresse le plan de match. «Comme toi et ta conjointe voulez notamment produire moins de déchets, je vais te montrer les alternatives qui existent», dit-elle, en sortant plusieurs échantillons. Ça va du cure oreilles réutilisable, au shampoing solide, à la paille métallique et à la culotte menstruelle lavable. Surprise: tous les produits sont vendus à moins de 2 km de chez moi. Michelle Laurin facture ses services 40$ l’heure, «mais comme cela inclut des rabais d’environ 15% dans une trentaine de commerces partenaires, le client peut rentrer dans ses frais», dit-elle en précisant qu’il est possible de diviser les coûts avec une rencontre de groupe.

Mardi
Grâce à ses conseils, on a opté pour le commerce Chez Terre à Soi pour trouver la brosse à dents en bambou, le fil dentaire en soie naturelle, le tampon à récurer en fibres de noix de coco (qui va durer un an), du dentifrice vendu en vrac, un déodorant sans produits synthétiques et des filets réutilisables en coton pour acheter des fruits et légumes. Dans la boutique Méga Vrac, du quartier Hochelaga, on peut arriver avec ses contenants et acheter aussi bien du lait et du miel que de l’huile, du thé, de la lessive, plein de farines différentes et les fameux biscuits Stillgood. Ceux-ci sont confectionnés à base de pulpe de fruits et de drêche de microbrasserie, qui auraient sinon été jetées. Pour voir si de tels commerces sont dans votre quartier, consulter le www.lespagesvertes.ca.

Mercredi
Cela fait un an qu’on a délaissé notre vieille Mazda pour revenir à l’autopartage. Si vous utilisez la voiture surtout la fin de semaine et que le métro n’est pas loin, c’est une option à considérer. «Quand on passe à l’autopartage, le taux d’utilisation baisse en moyenne de 35%», mentionne Marco Viviani, le porte-parole de Communauto. En un an, on aura roulé 4500 km pour des frais totaux de 3000$. Notre facture annuelle a peu baissé par rapport à l’époque de la Mazda, mais ne pas avoir à se soucier de déneiger la voiture, de la changer de côté de rue ou de l’emmener chez le garagiste, ça n’a pas de prix! Surtout, l’empreinte écologique de sa construction est assumée à plusieurs (38 abonnés en moyenne par auto chez Communauto).

Jeudi
Le site internet de petites annonces Kijiji a dressé un bilan de mes activités de 2018. En gros, 15 des 18 objets mis en vente ont trouvé preneur et ont rapporté 153$. Sans compter l’achat d’un vélo pour enfant en bon état déniché à 20$, alors qu’il vaudrait 150$ neuf. En y ajoutant les livres revendus chez le bouquiniste, j’ai économisé au total deux journées de travail. Les produits invendables se sont retrouvés dans une chute à vêtements à saveur sociale.

Vendredi
Grâce aux bons plans fournis par la Simplificatrice, on s’est inscrit aux paniers de l’entreprise SecondeVie. En s’approvisionnant dans les surplus des grossistes et en récupèrant les légumes moches des fermiers, qui auraient été sinon probablement jetés, l’entreprise distribue 1500 paniers par semaine. L’un des 60 points de livraison est à 200 mètres de la maison et, après vérification, les prix sont inférieurs de 40% à ce qui est offert en épicerie. On s’inscrit aussi au cours d’introduction à la cuisine végétarienne et végane de l’Académie végétale. Ses ateliers durent 1 heure, 3 heures ou une journée, et les thématiques vont de la sauce à spag au Kombucha, en passant par des ateliers sur les boîtes à lunch ou la cuisine marocaine. Yeeesss! On va gagner des points dans le calculateur écologique et avec Madame, qui se plaint de notre manque d’activités de couple.

Samedi
J’ai envoyé à l’écologiste Karel Ménard une photo de mes déchets. Sans vouloir se faire moralisateur, il se questionne sur la taille de mon sac poubelle. Mais en utilisant finalement le composteur de la copropriété, notre poubelle hebdomadaire a fondu de plus de moitié (2,2kg, vs 5,2kg). Parmi les éléments problématiques dans notre bac de recyclage, M. Ménard mentionne les sachets de plastique et surtout la bouteille de vin qui, en l’absence de consigne, se casse et vient contaminer les autres matières recyclables. Pour nos nombreux pots de plastique, impossible de savoir ce qu’ils deviennent ensuite puisque qu’aucun des acteurs du recyclage n’est tenus à la traçabilité, même si le gouvernement l’avait promis 2011.

Bilan
Réduire son empreinte carbone n’est pas trop compliqué si l’on adopte graduellement les gestes qui comptent. C’est même gratifiant et payant. À ceux qui disent que je suis cheap, je réponds que je suis plutôt un disciple du chroniqueur financier Pierre-Yves McSween, dont je vous suggère le livre En as-tu vraiment besoin?, où il y prône la décroissance pour équilibrer son budget et ensuite pouvoir investir (dans mon cas dans du temps libre). Pour ce qui est du voyage dans le Sud, c’est encore non-négociable. On ne sera donc pas carboneutre demain si nos gouvernements ne font pas réellement leur part, puisque les activités publiques (transport, fonctionnement des institutions, armée, gestion des déchets, déneigement) représentent la moitié de notre empreinte collective.

—-

À voir: L’excellente série de Rad sur la décroissance. On se demande d’ailleurs combien des gestes zéro déchet leur journaliste a gardé depuis son expérimentation de l’été dernier, car il est aussi là le défi!

Articles récents du même sujet

Exit mobile version