Montréal

Les nouveaux lampadaires à DEL de Montréal suscitent des questions

Lampadaires à ampoules DEL sur l'avenue Saint-Joseph

Le déploiement des lampadaires à diodes électroluminescentes (DEL) partout à Montréal est à mi-chemin. Le projet n’a toutefois pas été réalisé sans heurts.

Selon les données fournies par la Ville, Montréal a jusqu’ici remplacé 56 000 de ses 132 000 vieux luminaires au sodium par des modèles à DEL. Cette année, elle compte effectuer 30 000 autres conversions.

Après avoir initialement choisi des ampoules trop blanches (température couleur de 4000K) qui risquaient de nuire au sommeil et à la santé des Montréalais, l’administration de l’ancien maire Denis Coderre avait rectifié le tir en 2016. Les quelque 1500 ampoules alors installées n’ont toutefois pas encore toutes été retirées, confirme Marilyne Laroche-Corbeil, une relationniste à la Ville de Montréal.

Actuellement, la Ville privilégie l’installation de luminaires de 2200K (plus doux) dans les zones classifiées écologiques et de 3000K dans ses rues. La tête des nouveaux lampadaires permet de concentrer la lumière vers le sol et limite ainsi la pollution lumineuse.

Ces nouveaux luminaires ne font pas l’affaire de tous. «Ils ont mis trois lampadaires à DEL dans ma rue et c’est beaucoup moins clair qu’avant, lance Daniel Picard, qui demeure rue Sheppard. Certaines personnes âgées ont maintenant peur de sortir le soir. Et désormais, je vois à peine le balcon du voisin d’en face.» Le résidant de l’arrondissement Ville-Marie craint que cet éclairage facilite la vie des cambrioleurs.

Le professeur de physique au Cégep de Sherbrooke Martin Aubé est celui qui a alerté, il y a trois ans, les autorités municipales montréalaises sur les risques d’acquérir des luminaires à DEL de 4000K. Il souligne que l’un des avantages des luminaires DEL est «d’éclairer uniquement la rue afin de s’assurer «que la lumière intrusive dans les maisons soit réduite».

Le Montréalais Daniel Picard indique en outre avoir logé plusieurs plaintes au 311 pour souligner que les nouveaux lampadaires de sa rue ne semblent pas fonctionner de façon uniforme. Est-il seul dans ce cas?

Les appels au 311 qui concernent l’éclairage urbain ont augmenté de 33% depuis 2014. La relationniste de la Ville explique toutefois que «la base de données du 311 n’est pas configurée de façon à déterminer quels appels liés à l’éclairage urbain concernent spécifiquement les luminaires DEL ».

Elle confirme néanmoins qu’une «défectuosité d’une composante électronique (de moins de 1% des nouveaux luminaires) a été constatée dans certains secteurs» et qu’en attendant qu’elle soit corrigée, il est possible que certains lampadaires restent allumés en tout temps.

Économies prévues
Malgré les critiques, la Ville souligne que le projet, initialement estimé à 110M$, comportera de nombreux avantages. Quand il sera pleinement opérationnel, le système intelligent permettra d’intervenir immédiatement en cas de bris, de connaître exactement la consommation, de modifier l’éclairage selon l’heure de la nuit ou de faire clignoter les lampadaires pour aviser les citoyens cinq minutes avant le passage des équipes de déneigement, histoire de réduire le nombre de remorquages.

La Ville invoque aussi des économies d’entretien et de consommation d’électricité de l’ordre de 60% à 70%. Sur ce dernier point, le professeur Martin Aubé est sceptique. Pour y arriver, la Ville devra tamiser l’éclairage de 33% à 50%, dit-il. «Mis à part le cas exceptionnel de la ville de Tucson [en Arizona] avec 66% d’économies, on parle généralement d’une réduction de 40% à 50%».

M. Aubé ajoute que les fabricants ont en outre surestimé la durée de vie des DEL et se sont récemment fait taper sur les doigts par l’Illuminating Engineering Society, un organisme indépendant de recherche dans le domaine de la lumière.

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