Un affidavit attestant d’irrégularités survenues pendant une réunion du caucus du parti Mouvement lavallois a été rendu public mardi. Dix élus signataires y accusent le maire de Laval, Marc Demers, d’avoir manipulé des résultats d’élections internes. Certains d’entre eux songent à entamer une poursuite judiciaire.
«On veut démontrer ce que Marc Demers a fait», a fait savoir mardi David De Cotis, le conseiller de Saint-Bruno, pour expliquer la publication de l’affidavit. Il était accompagné de trois élus lavallois, aussi signataires du document légale, Michel Poissant, Paolo Galati et Isabella Tassoni. Avec leur avocate, Lina Simeone, ils réfléchissent maintenant à la possibilité d’initier des démarches judiciaires.
Dans cette déclaration écrite, il est question d’une réunion organisée le 24 avril dernier avec les 19 élus de la formation politique majoritaire au conseil de ville de Laval au cours de laquelle ils devaient discuter des trois postes à combler au sein du parti, soit ceux de président, trésorier et secrétaire.
«Comme d’habitude, ceux qui étaient intéressés pouvaient poser leur candidature et tous les membres [du ML] votaient, mais Marc Demers a introduit une nouvelle règle [pour faire en sorte] que le caucus approuve aux deux tiers les candidatures, a expliqué M. De Cotis.
Sept candidats, dont certains ont participé aux élections municipales de 2017, étaient en lice. Dix conseillers municipaux se sont alors mis d’accord sur les candidatures à soutenir. Après un premier vote secret, toutes les candidatures du groupe des dix élus ont été approuvées, ce qui mis le maire en colère.
«La contrariété qui animait notre chef s’est ensuite transformée en directive, car ce dernier a demandé aux élus de voter une seconde fois sur la même chose par scrutin secret, ce que les élus ont accepté de faire à contrecœur», est-il écrit dans l’affidavit.
Les dix élus ont voté de la même façon que la première fois. M. Demers a alors pris la boîte de scrutin et il est allé dépouiller les votes, avec une attachée politique, loin des regards, ce qui contrevient aux procédures du parti.
«Quelques minutes plus tard, notre chef est réapparu et a annoncé un résultat bien différent de celui obtenu lors du premier scrutin, car désormais, personne n’était laissé sur la touche et la totalité des sept candidats en lice avaient obtenu la majorité des 2/3 des votes exprimés», est-il également écrit dans l’affidavit.
Les dix élus se sont par la suite consultés et ils ont réalisé qu’aucun n’avait voté différemment, ce qui fait que c’était impossible que tous les candidats puissent avoir obtenu les 14 votes nécessaires.
«Les dix élus signataires (…) ont réalisé que les résultats dévoilés par Marc Demers ont été faussés, car dans notre groupe de dix, personne n’avait voté pour Ziaad Ghantous, [l’un des candidats mis de côté après le premier scrutin].»
Depuis cette réunion du caucus de ML, cinq des élus sont retournés dans l’équipe de Marc Demers à la suite d’un processus de médiation. Le cabinet du maire n’a pas voulu formuler davantage de commentaires mardi, jugeant que dossier était clos.
M. De Cotis s’est pour sa part dit inquiet de la gestion de la Ville de Laval par le maire Marc Demers. «Il aime gouverner, mais pas dans l’intérêt des Lavallois», a-t-il déploré. Il est toutefois convaincu que le maire Demers n’a pas trempé dans la corruption comme l’un de ses prédécesseurs, Gilles Vaillancourt, qui a été reconnu coupable de fraude, de complot et d’abus de confiance.
Les dix signataires de l’affidavit:
- David De Cotis (Saint-Bruno)
- Aline Dib (Saint-Martin)*
- Aram Elagoz (Renaud)*
- Sandra El-Hélou (Souvenir-Labelle)*
- Jocelyne Frédéric-Gauthier (Auteuil)*
- Paolo Galati (Saint-Vincent-de-Paul)
- Daniel Hébert (Marigot)
- Vasilios Karidogiannis (L’Abord-à-Plouffe)*
- Michel Poissant (Vimont)
- Isabella Tassoni (Laval-des-Rapides)*Ces élus sont retournés dans l’équipe du maire Marc Demers