Chez Doris remarque une hausse importante de sa clientèle. Selon ses statistiques mensuelles, l’organisme prévoit une augmentation, pour l’année 2018-2019, de près de 40% en deux ans par rapport à 2016-2017.
«Seulement en juin dernier, on a eu 101 nouvelles personnes et elles étaient principalement des demandeuses d’asile», illustre la directrice générale de l’organisme, Marina Boulos-Winton.
Chez Doris est le seul centre d’accueil de jour pour femmes à Montréal ouvert sept jours sur sept. Les femmes viennent y chercher un lit où se reposer, elles y bénéficient aussi de services comme la visite de professionnels de la santé, l’accès à une douche, la gestion financière et les déjeuners gratuits.
Les demandeuses d’asile, principalement originaires du Nigeria et d’Haïti, se tournent vers Chez Doris pour s’offrir un répit, mais aussi de l’aide, comme obtenir des vêtements, des produits d’hygiène et de la nourriture, grâce aux dons que reçoit l’organisme.
Si le pourcentage de minorités visibles Chez Doris a bondi de 12% à 23% en 2017-2018, attribuable notamment aux demandeuses d’asile, le pourcentage de la clientèle totale a lui aussi grimpé.
Selon le rapport annuel 2017-2018, ce sont 1607 femmes qui ont été accueillies au centre de jour, contre 1424 l’année précédente, en 2016-2017. Parmi celles-ci, 551 venaient pour la première fois, comparativement à 347 femmes pour qui c’était la première visite en 2016-2017.
Et tout porte à croire que l’année 2018-2019 affichera des chiffres encore plus élevés.
«Nous n’avons pas encore finalisé notre rapport, car notre année 2019 s’est terminée le 31 mars, mais selon nos statistiques mensuelles, on estime qu’environ 2000 femmes se sont tournées vers nous», prédit Mme Boulos-Winton.
Ce chiffre fait écho à ceux du premier dénombrement national, dévoilé le mois dernier, où il a été révélé qu’à Montréal, entre 2015 et 2018, le nombre de personnes en situation d’itinérance visible a augmenté, passant de 3016 à 3149.
Selon Mme Boulos-Winton, les facteurs sont nombreux pour expliquer cet accroissement, principalement chez les femmes.
«Elles sont nombreuses à être victimes d’abus et de violence à la maison. Certaines ont des problèmes de dépendance. Il y a aussi le coût de la vie qui augmente», croit-elle.
Par contre, dans le dénombrement, les femmes ne représentent que 26% de l’échantillon, car elles se trouvent plutôt majoritairement en situation d’itinérance cachée, préférant être hébergées temporairement chez quelqu’un ou dans un motel, par exemple.
«On est vraiment en mode survie, le soir, dans la rue», décrit Caroline, une cliente de Chez Doris.
Pour pallier ce problème, et pour bonifier son offre, l’organisme prévoit ouvrir un refuge d’urgence de nuit en 2020.
«Le bâtiment a été acheté au centre-ville, où se trouve la majorité de notre clientèle. On est en train de monter nos plans, de planifier les rénovations», mentionne la directrice générale.
Un immeuble de 26 logements sociaux est aussi prévu dans l’Est de Montréal pour 2020.