Des organismes communautaires de Pointe-Saint-Charles qui s’opposent à la construction d’un nouveau stade de baseball au bassin Peel se réuniront en fin de semaine pour «dessiner des propositions concrètes» de leur vision pour le secteur Bridge-Bonaventure. Des urbanistes de l’UQAM soutiendront entre autres la démarche.
Soutenus par la Corporation de développement communautaire Action-Gardien, les groupes tiendront d’abord une assemblée publique vendredi, en soirée, pour présenter l’exercice de «diagnostic urbain» et de «charrette citoyenne» qu’ils veulent réaliser.
«On manque cruellement de terrains publics, surtout dans les quartiers centraux de Montréal, dit la porte-parole d’Action-Gardien, Karine Triollet en entrevue à Métro. On pense que les consultations en cours à l’OCPM sur Bridge-Bonaventure, c’est une opportunité pour déterminer quel milieu de vie veulent vraiment les gens de Pointe-Saint-Charles et plus largement, les Montréalais.»
Samedi et dimanche, cinq équipes de citoyens assisteront à des ateliers de conception supervisés par des professionnels, avec pour objectif d’imaginer des scénarios d’aménagement tangibles. «Après tout le travail qu’on a fait dans les derniers mois, on est rendu à dessiner des vraies propositions», ajoute Mme Triollet.
L’organisme rassemblera ensuite le travail de ses équipes citoyennes et s’en servira, pendant l’été, pour mettre les idées et les volontés exprimées sur papier.
«On veut exprimer nos revendications pour toute la zone, et non seulement le bassin Peel. Accès au fleuve, sécurité des déplacements, circulation de transit, patrimoine: on veut amener des solutions à des enjeux complexes.» -Karine Triollet, porte-parole d’Action-Gardien
Du logement social, et non du baseball
Pour la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, la stratégie du logement d’Ottawa – qui inclut entre autres une initiative de transferts fédéraux pour du logement social et abordable – devrait être mieux mise en valeur pour le bassin Peel, dont une importante portion du terrain appartient à la Société immobilière du Canada.
«Ça ne doit pas servir que pour du développement privé, surtout dans le contexte de développement frénétique dans le secteur, explique-t-elle à Métro. Ça se construit partout et le quartier Pointe-Saint-Charles est en train d’être complètement transformé. S’il n’y a pas d’intervention majeure, la gentrification va avoir des conséquences très grave sur la population.»
Ce dossier est d’ailleurs «une occasion en or» pour le gouvernement Trudeau, d’après Mme Laflamme, «de montrer qu’il est sérieux dans ses engagements». Dans son dernier budget, Ottawa avait entre autres soulevé l’idée que les terrains excédentaires fédéraux constituent une certaine réserve de logements communautaires.
«Il ne faudrait pas rater cette chance. La communauté le demande et le contexte est urgent: avec le REM qui arrive et un stade de baseball en plus, ça créerait une pression sur le prix des loyers, ce qui entraînerait une spéculation.» -Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU
Sa collègue Karine Triollet abonde relativement dans le même sens. «C’est sûr qu’on aimerait que les pouvoirs publics étudient sérieusement la possibilité de réserver ces terrains à un milieu de vie commun, qui comprendrait du logement social et abordable ainsi que des infrastructures collectives. C’est la suite logique», tranche-t-elle. Garderies, jardins communautaires ou centres de loisirs pourraient aussi voir le jour si un stade de baseball n’était pas construit au bassin Peel, rappellent les deux coordonnatrices.
Mardi, l’entreprise Claridge, propriété de Stephen Bronfman, et le promoteur immobilier Devimco, se sont entendus sur le développement de l’immense terrain au bassin Peel qui servirait selon eux de stade des «Expos de Montréal 2.0». «Oui, nous avons une entente. On travaille ensemble. On fait des plans, a dit Stephen Bronfman en marge d’une soirée honorant son père, Charles Bronfman. On travaille même avec la table de concertation qui tiendra des consultations publiques cet automne, je crois. On prépare nos plans. Ça bouge, même s’il y a quelques trucs dont on ne peut pas parler.»