L’imminente crise du logement fait de plus en plus de victimes. Depuis janvier, plus d’une centaine de ménages locataires «au bord de la rue» ont fait appel au service d’aide au logement de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMH). C’est plus du double qu’à pareille date l’an dernier, quand ce chiffre n’atteignait qu’un peu plus de 40.
«On sonne l’alarme depuis décembre dernier. On est super inquiets devant cette situation insoutenable, particulièrement à Montréal», explique à Métro la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme.
Des dizaines de ménages locataires qui ont demandé une assistance, plus de 70 d’entre eux l’ont fait en mai seulement, ce qui fait dire à Mme Laflamme qu’à l’approche du 1er juillet, «le nombre de locataires inquiets augmente».
D’après elle, le nombre «important» de ménages qui ont perdu leur toit en raison d’une reprise de possession «illustre bien les conséquences de la mauvaise protection du parc de logements locatifs contre la conversion en condos ou en cottages».
Selon des données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), la situation est particulièrement critique pour certains arrondissements montréalais.
Dans Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension et Hochelaga-Maisonneuve, le taux d’inoccupation des logements à trois chambres et plus frisait les 0% en octobre dernier. Idem pour le Sud-Ouest, Verdun et Mercier. Dans Rosemont-La-Petite-Patrie, il ne restait carrément plus de grand logement en date d’octobre dernier.
«Le problème actuellement, c’est qu’il n’y a pas de mesures. Il y a un service de référence, une ligne d’aide, mais peu d’aide concrète», condamne Mme Laflamme, soulignant que les hausses de loyer oscillant entre 6 et 14% pour les grands logements ces dernières années n’aident pas.
QS veut «des mesures d’urgence»
À l’Assemblée nationale, vendredi, le député de Laurier-Dorion et porte-parole de Québec solidaire en matière de logement et d’habitation, Andrés Fontecilla, a demandé au gouvernement caquiste d’adopter des mesures d’urgence à court, moyen et long terme afin de s’attaquer à une crise «grandissante» du logement.
«Très rapidement, il faut penser à offrir des formes d’accompagnement communautaire pour les locataires à risque de se retrouver à la rue le 1er juillet, indique-t-il en entrevue à Métro. Ça prend des suppléments aux loyers pour que ces gens-là puissent accepter les offres disponibles sur le marché qu’ils ne peuvent pas toujours se payer dans l’immédiat.»
L’imposante demande à Montréal fait considérablement augmenter le prix des loyers, d’après l’élu provincial, qui dénonce que «plusieurs propriétaires en profitent».
«Il y a des files d’attente devant les logements, ce qui créé une surenchère qui n’a plus de limites. Et ce sont toujours les locataires, déjà très vulnérables, qui en écopent.» -Andrés Fontecilla, député de Laurier-Dorion
À moyen terme, le gouvernement devrait aussi sérieusement envisager de créer une réglementation ferme sur l’hébergement touristique temporaire qui perturbe le marché, dit Andrés Fontecilla. «À Montréal, c’est 5000 logements environ qui sont retirés du marché pour des touristes étrangers. Ces loyers-là devraient d’abord être destinés à des familles d’ici», ajoute le député.
Un règlement doit d’ailleurs être annoncé cette semaine par la ministre Caroline Proulx sur le sujet. «On sent que la ministre comprend et est attentive à cet enjeu», se réjouit d’ailleurs le solidaire.
À plus long terme, QS demande à Québec de prendre des engagements plus vigoureux envers la construction de logements sociaux et abordables. Jusqu’ici, la Coalition avenir Québec (CAQ) ne s’est lancée que dans des projets qui n’avaient pas encore été réalisés par le précédent gouvernement de Philippe Couillard. «Aucune nouvelle unité n’est dans les plans, alors que ça en prend chaque année davantage pour les ménages à faible revenu. C’est aussi ça, la crise», considère M. Fontecilla.
Les taux d’inoccupation ailleurs au Québec
Rivière-du-Loup : 1,8%
Drummondville : 1,7%
Rouyn-Noranda : 1,2%
Granby/Saint-Hyacinthe : 1,7%
Gatineau: 1,2% (0,7% pour les logements familiaux)
Source : SCHL