Environnement

Détérioration de la qualité de l’eau dans l’est de Montréal

Avec tout juste 50 % de stations ayant obtenu l’approbation QUALO, l’année 2018 est nettement sous la moyenne de 60 % obtenue depuis le début du programme en 1999.

La qualité de l’eau dans l’est de Montréal s’est détériorée en 2018 par rapport aux années précédentes, selon un portrait réalisé par le Service de l’environnement, déposé au comité exécutif de la Ville de Montréal lors de la séance du 5 juin.

Parmi les 23 stations d’échantillonnage des rives du secteur est de la ville, 14 dénotent une eau « mauvaise » pour l’année 2018. Des six stations indiquant une eau « polluée » sur l’ensemble de l’île, cinq sont situées dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, ce qui n’était le cas que d’une seule en 2017.

Dans l’Est, seulement trois sites ont reçu l’approbation QUALO, c’est-à-dire propice aux usages de contact direct avec l’eau, toutes les trois situées sur les rives du Saint-Laurent. L’une est située à Mercier, une seconde à la frontière entre Mercier et Montréal-Est et la troisième à Pointe-aux-Trembles, près de Montréal-Est. En 2017, on en dénombrait sept.

Le long de la Rivière des Prairies, aucune des stations en aval du ruisseau Bertrand, dans Ahuntsic-Cartierville, n’a obtenu la certification QUALO en 2018. Les deux stations de Montréal-Nord indiquent en 2018 une eau « mauvaise », c’est-à-dire qu’elles dépassent les normes lors de 34% à 66 % des relevés.  Les mêmes résultats sont enregistrés pour l’ensemble de celles situées sur le territoire de Rivière-des-Prairies, à l’exception d’un site « pollué », qui présente donc un taux de dépassement de 67% à 94%, au parc des Cageux, près de la 94e avenue.

Du côté du Saint-Laurent, de légers dépassements de la valeur de 400 COLI ont entraîné le déclassement de trois stations de Pointe-aux-Trembles qui avaient obtenu leur approbation en 2017.  C’est le cas du site de la future Plage de l’Est, près de la 94e Avenue, où l’eau est catégorisée « mauvaise » pour 2018. Les relevés les plus récents y indiquent toutefois une eau de bonne qualité.

En face de l’île Sainte-Thérèse, un peu amont, on retrouve quatre stations consécutives où l’eau est polluée, avant que la situation ne s’améliore dans les environs de Montréal-Est.

Une situation préoccupante
Christian Desautels est directeur général de La Route de Champlain, un organisme de Montréal-Nord qui organise des sorties guidées en kayak de mer, rabaska et bateau électrique sur la Rivière-des-Prairies, en plus d’offrir la location d’embarcations. Bien qu’il ne juge pas la situation « dramatique », elle demeure néanmoins « préoccupante », selon lui.

« On voyait une tendance à l’amélioration dans la fin des années 90, mais ce n’est pas exceptionnel: nous avons vécu des situations semblables en 2001 et 2015. Les conditions météo n’ont pas aidé, le système a de la difficulté à gérer quand il y a de fortes pluies, il peut y avoir des surverses.» -Christian Desautels, directeur-général de La Route de Champlain

Malgré des précipitations sous les moyennes en 2018, elles ont souvent eu lieu sous forme d’épisodes concentrés : il y a eu six épisodes de pluie de plus de 15 mm en 2018 comparativement à trois en 2017.  Le document de la Ville note d’ailleurs que la détérioration est principalement due aux rejets ponctuels d’eaux usées en provenance des réseaux d’égout, et que pas moins de sept débordements seraient survenus dans le secteur de l’est de l’île en 2018.

Lors de temps plus sec, comme en juillet et en août 2018, on remarque de grandes périodes où l’eau était « très bien » ou « satisfaisante », note M. Desautels. « On ne peut donc pas dire avec ça qu’on l’a échappé et que l’eau est toujours polluée », ajoute-t-il.

Les ruisseaux et les marais majoritairement pollués
La qualité globale de l’eau du ruisseau De Montigny, qui coule à la frontière ouest de Rivière-des-Prairies et de l’arrondissement d’Anjou, s’est également détériorée.

« Les eaux qui alimentent la tête du ruisseau sont de mauvaise qualité et se détériorent davantage en aval du collecteur pluvial se déversant en amont du boulevard Henri-Bourassa, lequel draine un important secteur industriel de l’arrondissement d’Anjou », où l’on retrouve l’un des plus importants lieux d’élimination de neige de Montréal, peut-on lire dans le rapport. On y a détecté des concentrations très élevées de matière en suspension, de phosphore et de métaux, dont le cuivre, le plomb et le zinc.

Le marais de la Pointe-aux-Prairies demeure dans la catégorie « polluée », en raison de la très faible oxygénation des eaux et de teneurs très élevées en phosphore. La Coulée Grou, dans Rivière-des-Prairies, s’est de son côté légèrement améliorée, mais demeure « polluée », dû en grande partie à une carence en eau.

La qualité des eaux du ruisseau Pinel est de son côté demeurée stable dans la catégorie « satisfaisante ».

« On peut s’attendre à mieux et nous souhaitons une amélioration, particulièrement dans la pointe de l’île, lance M. Desautels. Ça passe par une meilleure épuration des eaux. Mais les instances en sont conscientes. »

Lors de la prise de mesure 28 mai dernier, ajoute-t-il, toutes les stations de l’Est indiquaient « bonne » ou « excellente ». Bien que la moyenne géométrique de la saison, présentée dans le bilan, est un facteur d’analyse pertinent, il faut également s’attarder à l’évolution durant la période étudiée pour obtenir un portrait plus juste.

 

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