Face aux problèmes liés à l’augmentation de la valeur des maisons à Montréal, le groupe Mile-end pour tous propose un gel des taxes municipales de trois ans. «Il faut laisser souffler le monde», affirme la porte-parole du mouvement Mile-end pour tous, Claudine Schirardin. Dans la dernière année seulement, cette propriétaire du Mile-end estime que les taxes foncières ont grimpé en moyenne de 6,3 % dans son quartier. «C’est bien au-delà de la hausse de 2,2 % promise par le maire Michael Applebaum», s’insurge Mme Schirardin.
Le groupe demande depuis 2011 à la Ville d’atténuer l’impact des hausses de taxes foncières sur les propriétaires à faible revenu et, par extension, sur les locataires qui absorbent la facture via des augmentations de loyer.
La Ville se défend en indiquant qu’elle fixe ses hausses de taxes en fonction de l’évaluation foncière qui, elle, doit refléter la valeur marchande des propriétés. «C’est évident que l’augmentation des taxes foncières est plus grande dans les quartiers recherchés comme le Plateau-Mont-Royal qu’à Montréal-Nord», illustre la porte-parole du cabinet du maire de Montréal, Marie-Pierre Nassif.
Cette dernière rappelle que la Ville étale maintenant le rôle d’évaluation foncière sur trois ou quatre ans, afin d’atténuer l’impact de l’augmentation de la valeur des maisons. «Mais il faut au minimum hausser les taxes au niveau de l’inflation, insiste Mme Nassif. Le gel serait une erreur.»
«Les propriétaires occupants ne jouissent pas de l’augmentation de la valeur de leur propriété», explique le professeur spécialisé en finances publiques à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), Pierre Hamel. «Pour des gens à revenu fixe, tels que les retraités qui ont depuis longtemps fini de payer leur maison, il y a un manque de liquidités. Mais ce n’est pas un problème d’appauvrissement, c’est un problème d’enrichissement», nuance-t-il.
«La hausse des évaluations foncières affecte principalement les quartiers centraux, dont les activités sont liées au savoir», rappelle la professeure d’études urbaines à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Danielle Pilette. Dans ce contexte, elle juge inévitable que les gens à faible revenu ou à revenu fixe (pensions) soient délogés du centre au profit des étudiants et des jeunes professionnels.
Les habitants des quartiers centraux auraient tout intérêt selon Mme Pilette à s’inspirer de villes comme Londres, Toronto ou Paris, où on trouve davantage de résidences et de condos achetés en groupe. «C’est une solution largement pratiquée ailleurs dans le monde afin de pallier aux forts coûts de l’immobilier», souligne-t-elle.
5 à 7 citoyen
Mile-end pour tous tient lundi soir un 5 à 7 citoyen au Théâtre Rialto afin de discuter des enjeux liés aux hausses de taxes foncières. Au-delà du gel des taxes, Mile-end pour tous exige un meilleur contrôle des dépenses municpales ainsi qu’une estimation plus rigoureuse du coût des maisons.