Voilà 10 ans que le Conseil jeunesse de Montréal (CJM) défend les intérêts des 12 à 30 ans auprès des différentes instances municipales. Métro a discuté des réalisations et des ambitions du CJM avec son président, Jonathan Lesage, en poste depuis trois ans.
En 10 ans d’existence, quelles sont les plus grandes réalisations du CJM?
Celle qui saute aux yeux, c’est BIXI. Avant son implantation, une délégation du CJM s’était rendue en Europe et avait constaté l’existence d’un service similaire dans la ville de Grenoble. On avait ensuite lancé une grande investigation sur ce système de vélo en libre-service et fait une recommandation en faveur de son adoption à Montréal. Je ne vous cache pas que, initialement, l’idée pouvait paraître farfelue. Aujourd’hui, on voit que c’était tout à fait faisable.
Croyez-vous qu’il y a assez de jeunes élus à la Ville?
Il doit y avoir plus de jeunes élus qui nous représentent. Cependant, depuis la dernière élection, on en voit plus qu’auparavant. Je pense au président du conseil de ville, Harout Chitilian, à la responsable de la jeunesse au comité exécutif, Émilie Thuillier, ou à la vice-présidente du conseil municipal, Elsie Lefebvre. Si on regarde les postes que ces gens-là occupent, on constate qu’ils ne sont pas là pour faire de la figuration; ils ont de gros dossiers à gérer.
Les bouleversements des derniers mois à l’hôtel de ville ont-ils eu un effet sur le travail du CJM?
L’avantage, c’est que nous travaillons de manière non partisane avec tous les partis. Avant le changement d’administration, les projets sur lesquels on travaillait et qui avaient besoin de support politique faisaient déjà consensus auprès des élus, peu importe leur parti. Que ce soit l’administration Tremblay ou l’administration Applebaum, la collaboration reste essentiellement la même.
Beaucoup de grands projets sont en chantier à la Ville en vue du 375e anniversaire de Montréal. Que prépare le Conseil jeunesse?
Grâce à notre alliance avec la ville chinoise de Shanghai (ville sœur de Montréal), on voudrait notamment organiser une soirée symphonique avec les orchestres jeunesse des deux villes. Au-delà des projets ponctuels en 2017, on voudrait que d’autres initiatives restent dans le temps. Par exemple, on aimerait améliorer les liens des pistes cyclables nord-sud et faciliter l’accès des Montréalais aux berges du fleuve Saint-Laurent. D’ici 2017, ces dossiers doivent être explorés davantage.
Le CJM voit grand, mais a-t-il les moyens de ses ambitions?
Évidemment, un de mes souhaits pour le 10e anniversaire serait d’obtenir une indexation du budget. Le CJM a une enveloppe de 225 000 $ depuis 10 ans. Pourtant, les coûts matériels et la rémunération de nos employés ont augmenté. C’est problématique, car on perd des possibilités d’organisation de projet. Par contre, beaucoup de nos membres et anciens membres mettent leurs talents à contribution afin de nous aider à sauver de l’argent.
Dans le cadre du Programme particulier d’urbanisme du Quartier latin, vous avez mené récemment une consultation sur la place des jeunes dans la revitalisation du centre-ville. Qu’en est-il ressorti?
En général, les jeunes approuvent la volonté de développer le Quartier latin afin d’y améliorer la qualité de vie. Mais leur grand avertissement, c’est qu’il ne faut pas instaurer des règles d’urbanisme qui entraîneraient un développement artificiel. Les gens craignent qu’on tue le côté créatif et novateur qui émane du quartier. L’autre aspect préoccupant est le manque flagrant de logements abordables.
Vous quittez vos fonctions le mois prochain. Quel serait le principal mot d’ordre pour le Conseil jeunesse dans les années à venir?
La Ville de Montréal doit se doter d’une stratégie globale pour la jeunesse. La création d’un poste jeunesse au conseil d’administration de la Société des transports de Montréal (STM) était un bon coup. C’est le gros bon sens quand on considère le nombre d’utilisateurs de moins de 35 ans de la STM. Mais il ne faut pas s’arrêter là. On aimerait que la Ville fixe des objectifs à la Société du parc Jean-Drapeau, par exemple, qui organise énormément d’activités pour les 12 à 30 ans. Même chose pour la Société d’habitation et de développement de Montréal. Les jeunes familles devraient avoir plus d’influence sur la prise de décision.
Le CJM en bref
Le Conseil jeunesse de Montréal est composé de 15 membres, un président et un vice-président. Il n’est affilié à aucun parti politique et à aucun syndicat.
- Recommandations. Ses recommandations aux élus et aux services municipaux et para-municipaux concernent les Montréalais âgés de 12 à 30 ans.
- Suivi. Une fois par mois, le CJM fait le suivi de ses priorités auprès de la responsable de la jeunesse au comité exécutif de la Ville, Émilie Thuillier.