Alors que la consultation publique sur la politique de stationnement à Outremont doit être lancée ce mois-ci, l’arrondissement est catégorique. Aucune question budgétaire ne sera abordée, ce qui inclut la nouvelle tarification sur rue pour le moins controversée. Seuls les enjeux et les impacts relatifs au financement de la transition écologique pourront faire l’objet de débats. Des citoyens, eux, contestent cette vision des choses.
«Ce n’est pas notre choix à nous d’exclure la tarification de la consultation. Si c’était juste de moi, je n’aurais aucun problème à en parler. On le fait de manière ouverte et transparente depuis le début», s’est défendu le maire d’Outremont, Philipe Tomlinson, en entrevue à Métro.
Une clause contenue dans la politique de droit d’initiative citoyenne empêche effectivement l’arrondissement de débattre d’un «objet à caractère essentiellement budgétaire». Le tout en vertu du Règlement sur la Charte montréalaise des droits et responsabilités et sur le droit d’initiative (05-056). Cela inclut autant la tarification qu’un budget ou encore l’imposition de taxes.
«On ne peut pas contrôler ce que les gens vont avoir comme questions. Mais on le précise d’entrée de jeu. Les questions de tarifs ne pourront pas s’appliquer ici.» -Sylvain Leclerc, chargé de communication d’Outremont
M. Leclerc dit s’attendre à ce qu’«un grand nombre de personnes» se présente à la consultation pour «manifester leurs préoccupations». Environ 350 personnes avaient assisté à la première rencontre, en juin.
«On fait ça parce qu’on veut simplifier le stationnement, ajoute le maire Tomlinson. On était rempli de voitures dans l’arrondissement, parce que c’était gratuit. Je l’ai vécu devant chez moi. Parfois, il y a des résidents qui ne pouvaient même pas stationner leur véhicule en arrivant.»
À Outremont, des citoyens «bafoués et insultés»
Appelé à réagir, le résident engagé d’Outremont, Marc Poulin, partage une vision fort différente des choses. «Le mot essentiellement, dans le libellé, laisse à l’interprétation, juge-t-il. C’est clair, selon nous, qu’on peut quand même aborder le principe même de tarifer sans nécessairement toucher la question des montants», indique-t-il.
Son regroupement citoyen condamne l’attitude hostile, voire méprisante, de l’administration Tomlinson dans le dossier de la refonte du stationnement.
«Ils essaient constamment d’escamoter les débats en refusant de dialoguer sur la questions des tarifs. Mais c’est un enjeu depuis le départ pour tout le monde, déplore-t-il. On n’est pas du tout écoutés. La firme mandatée d’organiser la consultation ne nous a jamais consultés.»
«La municipalité fait tout pour éliminer l’implication citoyenne. Elle se traîne les pieds pour nous répondre. C’est de la mauvaise foi. On est hors de nous. On nous bafoue, on nous oublie, on nous insulte.» -Marc Poulin, citoyen d’Outremont
Joint par Métro, le chef de l’Opposition officielle, Lionel Perez, abonde dans le même sens. «On peut comprendre que les tarifs eux-mêmes soient exclus, mais on peut débattre de la pertinence et des impacts qu’aura le programme sur la qualité de vie. Ce n’est pas le montant qui compte. C’est le principe», martèle-t-il.
Il avance que la situation démontre «le manque d’écoute» de Projet Montréal à l’égard des besoins de la population. «L’administration va apprendre à la dure qu’on ne peut pas dicter le débat. Les Outremontais ne vont pas se laisser faire», considère-t-il.
Des changements à venir
Une journée d’information aura d’abord lieu le 21 janvier. Puis, la première réelle période de consultation se tiendra le 19 février prochain. Une audition des mémoires et des opinions verbales aura lieu. Tous les rapports doivent être déposés à l’arrondissement au plus tard le 17 février.
Un rapport «résumant les préoccupations et les opinions» sera ensuite déposé le 4 mai, lors d’un conseil d’arrondissement.
Actuellement, 40% des places de stationnement dans Outremont nécessitent l’utilisation d’une vignette pour toute immobilisation de plus de deux heures. Dorénavant, l’ensemble du stationnement sur rue dans l’arrondissement deviendra payant et sera regroupé dans une seule zone avec vignette.
Pour une vignette annuelle, le prix variera de 100 à 140$ en fonction de la grosseur du moteur. L’arrondissement entend engranger 400 000$ annuellement, dont tous les profits iront dans la transition.