Une campagne de sensibilisation met en vedette le personnel de la santé touché par la COVID-19, qui dit vouloir éviter à tout prix la même situation difficile qu’au printemps. Identifiés #PouvezVousNousAider, les capsules vidéo circulent sur les réseaux sociaux.
L’initiative a été lancée par les Centres intégrés universitaires de santé des services sociaux (CIUSSS) de Montréal. Les trois vidéos diffusées sur les différentes plateformes de la Santé publique, ont récolté un total de 140 000 vues sur Facebook jusqu’à maintenant.
«C’est une campagne de sensibilisation qui met en évidence le vrai monde, c’est-à-dire nos employés qui étaient sur la ligne de front, mentionne la PDG du CIUSSS Centre-Sud, Sonia Bélanger. Le message, c’est d’aider ces travailleurs de la santé en respectant les mesures de santé publique.»
Durant la première vague, deux décès ont été comptabilisés au sein du CIUSSS Centre-Sud et plusieurs employés ont été contaminés, infectant aussi leur famille. C’est le cas du Dr David Lussier de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, qui a participé a une vidéo.
«Ils ont un message puissant à livrer, souligne Mme Bélanger. On voit que ces gens incarnent ce qu’ils disent et la souffrance qu’ils ont vécue au quotidien.»
Au front
Le témoignage de Jonathan Senatus, coordonnateur d’activités cliniques en soins infirmiers au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal sera publié la semaine prochaine et conclura cette campagne.
«On ne veut pas revivre ce qu’on a vécu. Ça nous a affectés tant au niveau psychologique, familial, personnel et professionnel», raconte-t-il.
Il travaillait comme infirmier à l’urgence de l’Hôpital général juif lorsque tout a commencé. Il a ensuite aidé le département des soins intensifs, puis, il a été prêter main-forte en Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD).
«Ce qui m’a frappé, c’est tout l’effet domino que la COVID peut avoir. Si les gens ne respectent pas les consignes, le processus de contamination recommence.» -Jonathan Senatus, infirmier.
«Il y a eu une folie, une désorganisation parce que c’était une situation imprévue, explique M. Senatus. Mon but, c’est de parler de mon expérience. J’ai vu la défaillance que cela a mis dans le système de santé.»
Avec la deuxième vague, il craint particulièrement que les établissements, surchargés, ne puissent répondre aux besoins des personnes en situation critique.
Par ailleurs, il se désole que le gouvernement ait mis l’accent sur les personnes qui ont prêté main-forte, comme les bénévoles d’autres professions, les militaires ou les paramédics. En tant qu’infirmier, il s’est senti oublié.
«On a parlé beaucoup de nous comme des anges gardiens, mais on ne nous a pas présentés comme des professionnels au front. Sans nous, tout crash», soulève-t-il.
Succès
Les volontaires ont été peu nombreux à participer aux capsules vidéos, mais les organisateurs de la campagne se disent satisfaits. «On avait un bon pressentiment par rapport à la portée et comment cela allait toucher les gens, mais jamais à ce point», indique Danny Raymond, un employé du CIUSSS Centre-Sud impliqué dans l’organisation.
Il y a eu quelques critiques, admet-il, mais même les commentaires les plus négatifs étaient posés. De manière générale, la réponse a été «extrêmement positive». «On voulait surtout amener le message que l’antidote, c’est nous», souligne M. Raymond.
D’autre part, même si tous les problèmes ne sont pas réglés, comme la surcharge de travail des infirmières, les établissements sont beaucoup mieux préparés, indique la PDG, Sonia Bélanger.
Sur les 1000 lits d’hospitalisation COVID-19 du réseau de la santé montréalais, moins de 150 lits sont présentement occupés.