Alors que l’économie du coeur de la métropole écope durement de la pandémie de COVID-19 depuis près d’un an, Métro s’est entretenu cette semaine avec le nouveau directeur général de la société de développement commercial Montréal centre-ville, Glenn Castanheira. Celui-ci entend miser gros sur la prochaine saison estivale.
Le 1er janvier, M. Castanheira a succédé à Émile Roux à la tête de la plus grande SDC du pays. Âgé de 34 ans, le Montréalais a notamment occupé le poste de directeur de la Société de développement du boulevard Saint-Laurent dès 2013, avant de devenir conseiller spécial en matière de commerce et de tourisme pour Projet Montréal, en 2015.
Après l’arrivée au pouvoir de Valérie Plante, en 2017, Glenn Castanheira a occupé pendant deux ans le poste de responsable du développement économique et commercial dans son cabinet. Il a ensuite rempli plusieurs mandats à titre de consultant en affaires publiques pour différentes organisations. Il s’est aussi engagé à titre de bénévole au conseil d’administration de la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal, entre autres.
Un centre-ville à redresser
Pourquoi avez-vous accepté ce poste de direction à Montréal centre-ville, en pleine pandémie ?
C’est une bonne question parce que je suis conscient dans quoi je m’embarque (rires). Mais c’est une chance à ne pas manquer et il y a plusieurs raisons pour ça. La première, c’est que je crois profondément à l’avenir du centre-ville. Ce n’est même pas juste une opinion, c’est un fait.
Le centre-ville de Montréal, avant la crise, c’était un des plus performants au monde. On battait plein de records. Le problème, il faut se le rappeler, avant la crise, c’était la main-d’œuvre. On manquait de monde, on manquait de personnel [en raison de la forte croissance économique]. C’est quand même ahurissant!
Donc, on est entré dans la crise dans une position enviable. Et connaissant notre centre-ville, c’est évident pour moi que ça va rebondir et qu’on va être en peloton de tête après la relance. Donc, quand on m’a approché avec cette offre-là, je ne pouvais pas refuser. Tu ne refuses pas de devenir coach des Canadiens quand on s’apprête à gagner la Coupe Stanley. Tu dis oui.
Se préparer pour l’été prochain
Avez-vous des projets précis en tête pour relancer le centre-ville?
On n’a pas encore un plan précis. Mais ce que je peux te dire, pour l’instant, c’est que la première phase [de la relance], ce sera la saison estivale. On va mettre le paquet. On l’a vu le printemps dernier, dès qu’il a fait beau, les gens sont sortis, les rues ont été envahies de monde. Les Montréalais étaient au rendez-vous.
Par contre, on a été pris de court [l’été dernier]. On se rappelle, les voies actives sécuritaires, ce n’était pas clair. Donc, mon premier objectif, c’est d’être clair et d’être bien préparé cette année parce qu’on s’entend que dès qu’il va faire cinq degrés, les gens vont vouloir sortir et se rassembler, de façon sécuritaire bien sûr. On veut être là pour les accueillir.
«Le printemps, il n’arrive pas en juin, mais dès le mois d’avril. On veut être prêt le plus vite possible.» -Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville
Comptez-vous donc miser sur des aménagements publics pour attirer des Montréalais au centre-ville l’été prochain, comme l’an dernier?
L’an dernier, ce que les gens ont le plus apprécié, ce sont les aménagements [temporaires, comme les rues piétonnes, les voies cyclables et les places publiques, NDLR]. Donc, on a l’intention de réagir à ça et de répondre à la demande. Ça va être une belle année.
Des craintes quant au REM
Parlant d’aménagements, vous comptez parmi les nombreux experts en urbanisme et en architecture qui s’inquiètent des impacts qu’aura la construction des structures aériennes du Réseau express métropolitain (REM), notamment au centre-ville et dans l’est de Montréal. Pourquoi?
Le REM de l’Est, il faut que ça se fasse. Il ne faut pas remettre ça en question. Par contre, il y a un fort risque que la structure surélevée, en plein centre-ville, vienne défigurer le centre-ville. C’est un risque réel qui est basé sur des études de cas. Il n’existe aucun cas semblable, à ma connaissance, où une telle structure n’a pas eu un impact sur la vitalité commerciale limitrophe.
Si on fait l’erreur de faire une structure surélevée au centre-ville, on va faire un mauvais cadeau à ceux qui seront pris à l’enfouir, plus tard, à des coûts infiniment plus élevés que ce que ça nous coûterait maintenant.
Note: l’entrevue a été éditée pour en faciliter la lecture.