«Êtes-vous en train de dire que vous étiez imbécile et incompétent?», c’est par cette réplique que la présidente de la Commission Charbonneau a fait savoir au témoin Robert Marcil que sa patience avait des limites.
Toute la journée, l’ancien directeur à la Réalisation des travaux à la Ville de Montréal a répondu aux questions de la commission en banalisant, voire en niant, sa pratique de collusion et de corruption.
Le seul aspect qu’il a reconnu du bout de lèvres –une fois confronté aux preuves– est qu’il a fourni des informations sensibles à l’entrepreneur Giuseppe Borsellino. Il a toutefois minimisé l’importance des informations divulguées. Pour le reste, il a nié avoir été en conflit d’intérêts alors qu’il a siégé à 17 comités de sélection pour des contrats qui concernaient notamment la firme de génie Genivar, dont le vice-président était Yves Lortie, un très bon ami.
Il a également nié avoir fourni des informations privilégiées à Bernard Trépanier, ancien argentier du parti Union Montréal, concernant les contrats octroyés aux firmes de génis-conseil. Puis, il a nuancé en affirmant ne pas se souvenir l’avoir fait. «Vous ne vous en souvenez pas, c’est donc que la réponse peut être oui. C’est grave!», lui a fait remarquer le commissaire Renaud Lachance.
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M. Marcil a expliqué que, s’il avait transmis ce genre d’information, c’est qu’il n’avait pas «allumé» quant à la gravité de ce geste. C’est à ce moment que la présidente France Charbonneau lui a demandé s’il était en train de se qualifié d’imbécile et d’incompétent. «Je ne suis définitivement pas parfait», s’est défendu M. Marcil. «On s’entend là-dessus», a rétorqué de façon laconique Mme Charbonneau.
M. Marcil a ensuite soutenu que Michel Lalonde, de la firme de génie Génius, avait menti dans son témoignage de janvier lorsqu’il avait affirmé qu’il lui avait personnellement remis un pot-de-vin de 2000$. Selon la théorie du témoin, M. Lalonde voudrait se venger du fait que M. Marcil a refusé son offre de se joindre à Génius. «Vous vous donnez beaucoup d’importance, monsieur», lui a répondu Renaud Lachance.
En fin de journée, Me Gallant a cité les nombreuses violations du code de déontologie de l’ordre des ingénieurs. M. Marcil a continué à dire que les petits cadeaux étaient une pratique courante partout au Québec. La commission s’est montrée à nouveau sceptique et de plus en plus impatiente. Devant cette impasse, la présidente a mis un terme à l’interrogatoire. «On laissera l’ordre des ingénieurs s’occuper de M. Marcil», a conclu la présidente.