Montréal

Joyce Echaquan: deux ans plus tard, la question du racisme systémique demeure

Alors que la famille de Joyce Echaquan tenait une veillée en son honneur à Manawan, une veillée regroupant plus d’une soixantaine de personnes a eu lieu à la place du Canada pour commémorer sa mémoire deux ans après son décès dans des circonstances tragiques. Au-delà des hommages, c’est l’importance de reconnaître l’existence du racisme systémique qui était au cœur de nombreuses prises de parole.

La cérémonie a commencé par un discours d’Ellen Gabriel, célèbre militante autochtone. Celui-ci a été suivi de multiples prises de parole de membres des communautés autochtones et de membres du personnel médical autochtone.

La directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, Nakuset, a témoigné du racisme systémique qu’elle voit chaque jour au sein de son refuge. Elle a expliqué l’observer à tous les niveaux, que ce soit la police, les ambulanciers, les pompiers ou encore les hôpitaux. Selon elle, le racisme systémique ne pourra jamais diminuer tant que le gouvernement ne se décide pas à le reconnaître.

Si vous avez un gouvernement qui croit qu’il n’y a pas de racisme systémique, ça ne s’arrêtera jamais.

Nakuset, directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal

Elle a par la suite expliqué l’importance de reconnaître le principe de Joyce. Selon Nakuset, cela est essentiel pour éliminer le traumatisme intergénérationnel que vivent les Autochtones. Elle a ainsi donné l’exemple des enfants de Joyce Echaquan, qui désormais craignent le système hospitalier.

«[Si ses enfants] ont besoin de soins et d’aller à l’hôpital, pour eux, dans leur esprit, c’est un endroit dangereux, a indiqué Nakuset. Si nos hôpitaux n’appliquent pas le Principe de Joyce, quand est-ce que ça devenir sécuritaire d’y retourner?»

Le Principe de Joyce est une déclaration qui vise à garantir à tous les Autochtones le droit d’avoir accès à tous les services de santé et services sociaux sans aucune discrimination.

Le racisme systémique toujours d’actualité

Pour Nazila Bettache, membre du collectif «Soignons la justice sociale», la commémoration en l’honneur de Joyce Echaquan rappelle à tout le monde que le racisme systémique est toujours présent.

«Pour certaines personnes, cela peut sembler du passé, mais je pense que le fait que nous nous réunissions ici aujourd’hui et le fait que nous honorions Joyce nous rappellent que c’est ici, aujourd’hui, a-t-elle dit. Nous sommes ici pour nous assurer que nous nous souvenons de cela et pour nous battre pour le Principe de Joyce qui a été mis en avant par la famille et la communauté de Joyce Echaquan il y a deux ans.»

Le Dr Stanley Vollant, d’origine innue, a aussi pris la parole pour dénoncer un racisme systémique qui n’a pas lieu qu’au Québec, mais bien à travers le Canada. Il a par la suite réagi aux propos tenus par le premier ministre Legault, qui avait assuré que la situation s’était réglée à l’hôpital de Joliette où est décédée Joyce Echaquan.

Quand j’entends parler le premier ministre qui dit “tout est réglé maintenant, Joyce Echaquan peut reposer en paix”, non, ce n’est pas vrai, on a fait un petit pas, mais le chemin est encore long.

Dr Stanley Vollant, chirurgien

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