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Des cadres aux propos et attitudes racistes dans Saint-Léonard

La mairie d'Arrondissement de Saint-Léonard. Photo: Matéo Gaurrand-Paradot, Archives Métro

Rires, provocations, stigmatisations des personnes musulmanes et noires… C’est ce qui a été observé lors d’un atelier de sensibilisation aux enjeux de racisme et de discrimination systémique donné à des cadres de l’Arrondissement de Saint-Léonard, l’automne dernier, a révélé Le Devoir dans une enquête la semaine dernière.

Parmi les propos tenus lors de cet atelier animé par la conseillère en Équité, diversité et inclusion au Bureau de la lutte au racisme et aux discriminations systémiques Nathalie Carrénard, un employé affirmait qu’à Saint-Léonard, un hypothétique nouvel employé noir aurait reçu des bananes plutôt que de se faire traiter de « singe », comme cela est arrivé ailleurs.

Mme Carrénard aurait entendu de nombreux autres propos racistes lors de son atelier à Saint-Léonard. Elle a pris un congé de maladie après cette intervention et a refusé de répondre à nos confrères du Devoir.

Rappelons que Saint-Léonard est un arrondissement où vivent plusieurs personnes immigrantes et racisées: 49% des résidents sont des immigrés et 43% déclarent faire partie d’une minorité visible.

Pas de sanctions?

Saint-Léonard explique avoir fait de la diversité, de l’inclusion et de l’équité une priorité en 2015 et avoir contacté en conséquence le Bureau de la lutte au racisme.

L’atelier s’inscrivait dans une vision préventive et se voulait « un espace d’apprentissage et de formation où l’animation recadre », défend l’Arrondissement. Mme Carrénard, dans le courriel consulté par Le Devoir, évoque pour sa part qu’une « partie de la salle a utilisé cet espace comme un défouloir et, moi, la femme noire, luttant contre le racisme et les discriminations, je me suis sentie traitée comme une cible sur laquelle on peut se défouler plutôt deux fois qu’une sans qu’il y ait la moindre conséquence ».

Interrogé par Métro sur une éventuelle prise de contact avec l’intervenante pour recueillir son témoignage, Saint-Léonard n’a pas répondu. L’Arrondissement s’est aussi révélé incapable de dire si la hiérarchie était au fait des propos tenus lors de cet atelier, avant la sortie de l’article du Devoir.

Saint-Léonard justifie qu’il s’agit d’ateliers « où les participants peuvent nommer des enjeux de gestion afin d’identifier les malaises et les biais, qu’ils soient inconscients ou conscients ». L’Arrondissement ne révèle pas non plus quels ont été les sanctions ou rappels à l’ordre pour les gestionnaires concernés. «Après l’atelier, un retour en comité de direction a été fait pour présenter le niveau de risque potentiel, et pour orienter vers une démarche pour écouter le personnel et co-construire le plan d’action de l’arrondissement, ancré dans la situation réelle et qui permettrait de cibler les dysfonctionnements et initiatives», dit l’Arrondissement dans un courriel adressé à Métro.

Si Saint-Léonard ne parle pas des conséquences pour ses employés présumés avoir eu une attitude raciste, l’Arrondissement affirme avoir mis sur place « quatre ateliers de travail » et dit que « d’autres sont à venir pour permettre à tout le personnel de poser les enjeux de racisme et de discriminations et d’apporter individuellement des propositions ».

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