Le campement situé sous l’autoroute Ville-Marie, à Montréal, ne sera pas démantelé jeudi. Le ministère des Transports du Québec (MTQ) a décidé in extremis de reporter l’expulsion de la vingtaine d’âmes qui vivent dans le camp. Le service des communications du MTQ a confirmé à Métro que la décision avait été prise dans le but de laisser le temps aux personnes concernées de s’organiser et «pour que ces gens-là soient pris en charge».
«On veut leur laisser le temps de se relocaliser», a indiqué la porte-parole du MTQ, Sarah Bensadoun, à Métro, le 10 novembre en après-midi. Évidemment, ce n’est pas une tâche qui relève du MTQ, mais bien du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
Cette décision n’aurait en revanche pas été prise en concertation avec la Ville de Westmount. «C’est vraiment dans les mains du MTQ», confirme le chef des communications de Westmount, Sebastian Samuel.
«Aucune date ne peut être confirmée. Le ministère [des Transports] poursuivra le dialogue avec les campeurs», indique M. Dufresne dans un échange avec Métro, ce qu’à confirmé la porte-parole du ministère. Pour les étapes suivantes, «ça ne tombe pas dans la compétence du MTQ», mais dans celles du MSSS, qui n’a toujours pas été en mesure de répondre aux questions de Métro.
Du côté de l’organisme Résilience Montréal, qui vient en aide aux personnes itinérantes sur le terrain, le directeur exécutif de l’organisme, David Chapman s’avoue soulagé, mais souligne toutefois l’importance de ne pas s’emballer trop vite. «Quand les autorités vont venir nous voir pour nous demander de quoi on a besoin, il nous faudra des réponses», explique-t-il.
Le MTQ poursuit sa collaboration avec le ministère provincial de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et «continuer le dialogue avec les campeurs», affirme la porte-parole. Le secteur occupé par le campement est «une propriété du ministère des Transports», indique le service des communications du MTQ.
Si cette décision avait été prise plus tôt, beaucoup de complications auraient pu être évitées.
David Chapman, directeur exécutif et fondateur de Résilience Montréal
Valérie Plante interpelle le MSSS
Ce revirement de situation se produit alors que la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a aujourd’hui offert son soutien à la Ville de Westmount, au moment où la décision n’avait pas encore été prise. «On va être là s’ils ont besoin de nous», a-t-elle assuré en conférence de presse, rappelant l’expérience qu’a la Ville de Montréal en lien avec ces enjeux.
Elle a souligné la responsabilité du MSSS dans le financement des groupes communautaires.
Le «support» offert par la mairesse référait aux différentes équipes mixtes du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), précise l’attachée de presse de la mairesse et du comité exécutif, Catherine Cadotte. Elle nomme l’Équipe métro d’intervention et de concertation (EMIC) et l’Équipe mobile de référence et d’intervention en itinérance (EMRII).
Un campement, ce n’est pas une solution, on veut que les personnes qui sont sur notre territoire soient en sécurité et au chaud.
Valérie Plante, mairesse de Montréal
«On a une main tendue vers le [MSSS] pour avoir des ressources permanentes», indiquait la mairesse en conférence de presse. Elle a également mis la balle dans le camp du ministère quant au «nombre de lits» disponibles pour les personnes en situation d’itinérance: «On veut voir le plan, on attend.»
Du côté de Résilience Montréal, il y a consensus avec la Ville. «Nous sommes d’accord que les campements ne sont pas une solution à long terme», explique le directeur exécutif et fondateur de l’organisme. «Mais la misère collective, c’est mieux que la misère en solitude», mentionne toutefois David Chapman.
Le ministère mutique
«Ça ne sera pas plus sécuritaire pour ces personnes que sous ce pont», dément M. Chapman, admettant qu’il n’y a «rien d’idéal» avec les campements. Il rappelle toutefois que si le campement est démantelé, les personnes qui y habitent se tourneront vers des bâtiments abandonnés, des chantiers de construction ou même des boisés.
Elles vont se retrouver seules et sans possibilité d’aide; c’est moins sécuritaire. Quand elles sont [regroupées dans un campement], les intervenants sociaux savent où les trouver pour les aider. Si quelqu’un fait une overdose, ce sera entouré de personnes qui peuvent l’aider.
David Chapman, directeur exécutif et fondateur de Résilience Montréal
Interrogé par Métro sur le plan que compte mettre en place le MSSS, le cabinet de Lionel Carmant répond que le «gouvernement prend l’itinérance très au sérieux».
Il rappelle l’adoption l’an dernier du Plan interministériel en itinérance doté d’une enveloppe de 280 M$. «D’ailleurs, à Montréal, ce sont plus de 1400 places que nous avons de disponible», mentionne également le cabinet.
Aucune réponse n’a cependant été donnée quant à la situation du campement sous le tunnel Ville-Marie.