Montréal

Polytechnique: se souvenir en célébrant le génie féminin en environnement

Sophia Roy, lauréate 2022 de l'Ordre de la rose blanche, et sa mère.

Le génie féminin dans la lutte aux changements climatiques a été reconnu le 5 décembre avec la nomination de Sophia Roy, doctorante en génie chimique, comme lauréate 2022 de l’Ordre de la rose blanche. Cette récompense est remise annuellement à une étudiante en génie en hommage aux victimes de l’attentat féminicide de 1989 à Polytechnique.

«Le sens de l’Ordre des roses blanches est de donner à des femmes d’aujourd’hui la chance qui a été volée à mes consœurs de faire de leurs rêves une réalité», a déclaré Nathalie Provost, ingénieure et survivante de l’attentat de 1989, lors d’un discours s’adressant à la lauréate de l’Ordre, ce lundi.

La cérémonie s’est tenue à la veille de la 33e commémoration de l’attentat du 6 décembre 1989 durant lequel 14 jeunes femmes ont été assassinées. L’attentat, premier féminicide de masse au Canada, demeure à ce jour la deuxième fusillade la plus meurtrière au Canada.

Le génie au féminin a été mis à l’honneur durant la cérémonie de remise du prix alors que Polytechnique est, depuis cette année et pour la première fois, dirigée par une femme, Maud Cohen. Le prix s’accompagne d’une bourse de 35 000 $.

Un génie qui se féminise

Devant les personnes présentes à la cérémonie, la récipiendaire Sophia Roy a rappelé que le génie était trop peu présenté aux femmes et aux jeunes filles comme une voie où elles peuvent être agentes de changement, alors que c’est ce que celles-ci souhaiteraient. La doctorante est ainsi engagée dans ce sens-là auprès de tous les niveaux scolaires.

L’étudiante, qui vit à Outremont, a aussi appelé à davantage de diversité et de femmes dans les chantiers d’ingénierie, car cette diversité serait «un puissant moteur à idées» pour trouver des solutions innovantes.

La cérémonie fut l’occasion pour Maud Cohen, directrice générale nouvellement nommée de Polytechnique Montréal, de présenter la féminisation de son école alors que pour la première fois, un tiers (33,6%) de la population étudiante au niveau du baccalauréat est composé de femmes.

Mme Roy est diplômée du baccalauréat en génie chimique de l’Université McGill, et elle a pu, grâce à son parcours exceptionnel, aller directement étudier au niveau doctoral à Polytechnique.

Une étudiante aux premières loges du changement

Pendant son discours porté sur l’environnement, Sophia Roy a expliqué sa vision de l’avenir et d’une «une société complètement redéfinie pour faire face aux défis climatiques», tout en évoquant la tendance de l’humanité à ne pas agir avant l’éclatement d’une crise.

Son parcours est effectivement des plus singuliers pour une bachelière. Elle a déjà signé un article synthétique pour une revue canadienne de génie chimique.

De plus, l’étudiante s’est illustrée dans l’abandon du projet de GNL Québec, Énergie Saguenay. Elle a, lors d’un stage au ministère de l’Environnement, élaboré un calculateur convertissant en nombre de voitures le rejet de CO2 du projet, que Québec a utilisé pour expliquer l’abandon du projet à la population.

La présidente du jury de l’Ordre de la rose blanche et professeure à Polytechnique, Michelle Prévost, qui présidait la cérémonie, a rappelé que s’illustrer d’une telle façon au baccalauréat, lors d’un stage de surcroît, est exceptionnel.

L’impact de Sophia Roy sur les changements climatiques ne devrait pas s’arrêter là, la jeune femme ayant choisi comme sujet de thèse de doctorat la décarbonisation du procédé de production de l’acier, responsable de 10% des émissions mondiales de gaz à effets de serre.

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