Jadis, les environnementalistes étaient les porteurs de mauvaises nouvelles. C’est encore un peu le cas, mais les scientifiques ont largement pris le relais de cette lourde responsabilité. L’enjeu du climat est un bon exemple.
Dans les années 1980, à l’initiative des États-Unis de Ronald Reagan, le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été mis sur pied sous l’égide des Nations unies. Réunissant des centaines de scientifiques de tous les pays majeurs du globe, il avait pour mandat de fournir des preuves du phénomène. Le groupe produit périodiquement des métaanalyses de l’état des connaissances sur le climat. Sans précédent dans le milieu scientifique, il est rapidement devenu la principale référence mondiale dans le domaine.
Sans doute à la grande déception de l’administration Reagan-Bush qui avait demandé sa création, le GIEC a réussi à démontrer non seulement l’existence du problème, mais aussi le fait que c’est l’homme, en brûlant du charbon, du pétrole et du gaz, qui en est la cause principale.
Leur dernier rapport rendu public vendredi passé est accablant. Selon presque tous les grands leaders et penseurs de notre temps, il s’agit du plus important défi auquel l’humanité n’a jamais fait face.
Aussi, à chaque rapport du GIEC (5 depuis 1988), sa couverture médiatique augmente. Inutile donc pour Greenpeace ou la Fondation David Suzuki de sonner l’alarme. Elle sonne déjà très fort!
Les groupes environnementaux doivent toutefois prendre le relais sur la promotion des solutions, ce qui n’est quand même pas une mince tâche. Par exemple, Équiterre et les conseils régionaux de l’environnement font la promotion de l’indépendance au pétrole depuis de nombreuses années. Il est en effet impossible d’envisager de réduire les gaz à effet de serre (GES) sans diminuer notre dépendance au pétrole. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce concept rencontre du scepticisme, surtout parmi l’élite économique: «réduire nos GES, absolument! Éliminer le pétrole, absurde! Il faut bien se déplacer», s’exclament-ils en cœur.
Pourtant, l’une des plus impressionnantes histoires de réussite d’affaires de la dernière décennie est justement celle d’un manufacturier automobile qui ne fait que dans le 100% électrique. Les voitures (de luxe) de Tesla ont une portée de 400 kilomètres et il n’arrive tout simplement pas à les produire assez vite pour les consommateurs qui se les arrachent. Une version familiale à un prix plus abordable est en développement…
Le succès de Tesla est en outre le résultat de plusieurs décennies de promotion des véhicules électriques par de nombreux groupes environnementaux.
La Maison du développement durable est la Tesla des bâtiments, ou du moins, le prototype de la Tesla des bâtiments! Un gouvernement ou une entreprise devra prendre le relais pour s’assurer que tous les bâtiments du futur soient aussi efficaces que celui-ci. Notre rôle est de les convaincre de le faire.
La bonne nouvelle pour les environnementalistes, c’est que les solutions aux changements climatiques existent et qu’ils n’ont pas du tout à opposer le climat aux emplois. On peut et on doit avoir les deux.