Montréal, avec ses forces, ses faiblesses et son caractère unique, est un objet d’étude riche et pertinent. C’est du moins ce que croient 22 chercheurs de l’Université McGill, qui ont fondé le nouveau centre de recherche interdisciplinaire en études montréalaises (CRIEM), lancé vendredi.
Architectes, juristes, politologue et littéraires ne sont que quelques uns des experts de ce groupe multidisciplinaire, qui collaboreront pour mieux comprendre la métropole.
«Il existe des centres de recherche sur diverses villes dans le monde, que ce soit à Londres, à New York ou à Paris, mais aucun ne regroupe autant de disciplines que le nôtre», note Stéphan Gervais, coordonnateur au Programme d’études sur le Québec de McGill.
Daniel Weinstock, philosophe et codirecteur intérimaire du CRIEM, espère que le centre sera un pôle d’attraction non seulement de chercheurs de diverses universités, mais aussi de la communauté montréalaise, ainsi qu’un lieu de fécondation des projets de recherche innovateurs.
«Dans l’optique de l’ouverture éventuelle des deux méga hôpitaux, on pourrait s’intéresser à la question de l’hôpital à Montréal selon les perspectives historique, urbanistique et de soins, imagine M. Weinstock. On peut se demander entre autres comment ces hôpitaux s’inscrivent dans la continuité et ce qu’ils changent pour les citoyens. Pour mener à terme un tel projet, on aurait alors besoin de la collaboration des artisans de ces institutions, de médecins et de travailleurs des services sociaux.»
Est-ce que ces recherches sur Montréal pourront aider les décideurs dans leur gestion de la métropole? M. Weinstock croit que oui. «On peut boucher les nids-de-poule, mais ils vont ressurgir l’année prochaine. En tentant plutôt de comprendre le fond des choses, en se demandant pourquoi on est arrivés où on est, on peut jeter les bases de solutions durables pour les problèmes de la ville», a fait valoir le philosophe.
De telles recherches peuvent aussi contribuer à faire connaître et rayonner Montréal. Le colloque de lancement du CRIEM, intitulé «La créativité urbaine en question : le cas de Montréal, « ville créative »», a attiré des conférenciers de l’Ontario et des États-Unis. Ce colloque prend pour point de départ le fait que les villes se positionnent de plus en plus comme «créatives» pour être attrayante. «Mais est-ce seulement un positionnement de marque? Lorsqu’on regarde au-delà de l’image, on peut déboulonner certains mythes. Par exemple, les Montréalais dépensent beaucoup moins d’argent en consommation culturelle que les Torontois», rapporte M. Gervais.
M. Gervais constate d’ailleurs que l’engouement du grand public pour cet évènement est tel qu’il faut maintenant s’inscrire sur une liste d’attente si on veut espérer y assister. Il sera cependant diffusé en direct sur le site web de l’université McGill.
Forces et faiblesses
Quelle est la plus grande force et la plus grande faiblesse de Montréal? Voici les réponses de deux experts:
«Une grande force de Montréal est qu’elle exploite ses tensions culturelles et linguistiques pour se remettre sans arrêt en question», répond Gillian Lane-Mercier, professeur de littérature à l’université McGill et codirectrice intérimaire du CRIEM.
«La plus grande faiblesse de Montréal est la gouvernance», souligne quand à lui Daniel Weinstock, philosophe et codirecteur intérimaire du CRIEM. Un grand défi de Montréal est toutefois de composer d’un côté avec sa diversité culturelle et linguistique et de l’autre, avec la volonté du Québec de s’affirmer en tant que communauté francophone.»