Les villes s’élèvent contre la décision de Postes Canada de supprimer, dès l’automne, le service de livraison de courrier à domicile dans 11 municipalités canadiennes, dont cinq situées dans la région de Montréal.
«Cette décision a des impacts majeurs sur le territoire canadien, a déploré jeudi le président de l’Union des municipalités du Québec, Éric Forest. Il y a des problèmes d’accessibilité des personnes à mobilité réduite et d’aménagement avec l’arrivée des boîtes postales sans qu’on ait notre mot à dire.»
Le conseil d’administration de l’UMQ a adopté jeudi une résolution pour enjoindre Postes Canada de suspendre sa décision. M. Forest croit qu’un délai supplémentaire permettrait à la société de la Couronne d’explorer de nouvelles occasions d’affaires et de discuter avec les Villes.
«Il faut que tous les scénarios soient envisagés et analysés», a insisté Éric Forest, qui est aussi maire de Rimouski.
L’UMQ a aussi mandaté le maire de Montréal, Denis Coderre, qui est un des ardents opposants aux coupures de services chez Postes Canada, de sensibiliser la Fédération canadienne des municipalités (FCM) sur cet enjeu la semaine prochaine, lors d’une réunion du caucus. «On va faire un front commun avec la FCM», a fait savoir M. Forest.
Postes Canada a annoncé jeudi que, dès la fin de 2014, les facteurs cesseront de distribuer le courrier de porte en porte à Rosemère, Lorraine, Bois-des-Filion, Charlemagne et Repentigny. En tout, ce sont plus de 21 000 boîtes à lettres qui seront remplacées par des boîtes communautaires.
Ces villes ont été choisies puisque environ le tiers de leur territoire est déjà desservi par des boîtes postales. Depuis les années 1980, tous les nouveaux développements immobiliers n’ont pas droit à la livraison à domicile.
Les maires des villes ciblées en premier par Postes Canada entendent se plier à contrecoeur à sa décision. «Ça semble une décision irrévocable, a dit le maire de Lorraine, Ramez Ayoub. On va s’assurer que le service soit rendu le mieux possible à nos citoyens malgré tout.»
«Il est à espérer que ce changement non désiré pourra s’effectuer dans le respect des citoyens», a indiqué de son côté le maire de Bois-des-Fillions, Paul Larocque, dans un communiqué.
La Ville de Repentigny a déploré pour sa part ne pas avoir eu la possibilité de discuter avec Postes Canada et le fait qu’elle ait été avisée seulement mercredi qu’elle était touchée par les premières coupes.
D’ici cinq ans, Postes Canada veut mettre fin à la livraison du courrier à domicile. Jusqu’à 8000 emplois de facteurs disparaîtront. La société de la Couronne croit qu’elle pourra ainsi être plus rentable. Au cours de la dernière année, elle a enregistré des pertes de plus de 100M$ par trimestre. Les prochaines villes où le courrier ne sera plus distribué à domicile seront connues le mois prochain.
Postes Canada a précisé que les immeubles à appartements, les résidences pour personnes âgées et les condominiums, où la livraison du courrier est centralisée, seront épargnés par ces changements.
Le NPD espère toujours
Bien que Postes Canada commence à planifier les coupes dans la livraison du courrier à domicile, le Nouveau Parti démocratique espère toujours pouvoir renverser cette décision.
- «Tous les changements faits d’ici 2015 pourront être [annulés] si jamais le NPD gagne les prochaines élections», a dit le député de Rosemont–La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice.
- Le mois dernier, le parti de Thomas Mulcair a déposé une motion pour que la société de la Couronne abandonne les coupes dans la livraison du courrier, mais elle a été défaite. Il tente maintenant de convaincre le gouvernement de Stephen Harper.
- «Postes Canada ne tombe pas en faillite, a indiqué M. Boulerice. Ce n’est pas la ruine appréhendée. Il y a moins de lettres qu’avant, mais il y a plus de colis. Il y a une possibilité d’affaires là.» Le député a aussi évoqué la possibilité que des services bancaires ou d’assurances soient offerts dans les comptoirs postaux.