Pour son premier «vrai budget» depuis son entrée au pouvoir en 2013, l’administration du maire de Montréal, Denis Coderre, fait des efforts pour réduire ses dépenses, mais le compte de taxes des Montréalais augmentera en moyenne de 2,2%.
C’est sous les trompettes des employés municipaux, qui manifestaient leur opposition au projet de loi 3 à l’extérieur, mercredi, que le maire Coderre a présenté son budget 2015, son premier budget complet depuis son élection.
La Ville se donne un budget global 2015 de 4,882G$, une baisse de 12,8M$ par rapport à 2014. Selon le maire et son directeur général, Alain Marcoux, c’est la première fois depuis au moins les 20 dernières années que la Ville réduit son budget annuel. Dans les huit années précédant l’arrivée au pouvoir de l’administration Coderre, les dépenses augmentaient annuellement de 3,7% en moyenne.
Pour se serrer la ceinture, Montréal prévoit notamment une première phase de réduction de la main d’œuvre. Rappelons que le maire Denis Coderre avait annoncé au printemps 2014 un plan qui prévoyait l’abolition d’ici 2019 de plus de 2200 postes à temps plein devenus vacants à la Ville. Le budget 2015 annonce une première réduction de 410 postes à temps plein, ce qui représente des économies de 33M$.
Globalement, la rémunération des employés s’élève à 2G$ en 2015, soit 49,2% du budget global, ce qui représente une diminution de 98,1M$ par rapport à 2014.
L’administration compte également réduire le paiement des régimes de retraite de ses employés de 17% par rapport à 2013 en y consacrant 495M$, soit 10% du budget. Cette diminution est attribuable d’abord au bon rendement des marchés, évalue la Ville, ce qui réduit la charge globale de l’ordre de 53M$. En raison de l’adoption prochaine du projet de loi 3, la Ville anticipe également des économies de 49M$.
«Pas de travail en profondeur, pas d’imagination et des petites coupures qu’on annonce comme des grandes, mais qui sont en fait fournies par le projet de loi 3.» -Luc Ferrandez, chef intérimaire de Projet Montréal
Mais pour la Ville, le budget accordé aux régimes de retraite «c’est trop, beaucoup trop. Le statu quo n’est pas une option», indique-t-elle dans ses documents, tout en rappelant son appui au projet de loi 3.
«Il y a un effort louable de coupes, reconnait le chef intérimaire de Projet Montréal, Luc Ferrandez. Mais c’est une perte de contrôle sur les services de première ligne puisqu’une partie de ces postes est coupée dans les arrondissements.»
Taxes
Avec ces réductions des dépenses, l’administration promet que la variation moyenne des taxes qui sont de la responsabilité de la Ville ne sera pas plus élevée que 1,8% pour les immeubles résidentiels.
Pour un portrait global, il faut toutefois y ajouter la variation des taxes d’arrondissement. On en arrive plutôt à une moyenne de 2,2% de variation du compte de taxes total. Pour une maison unifamiliale de 418 480$, cela représente une augmentation de 77$ du compte de taxes. En 2013, cette moyenne totale était à 2,8%, pour une augmentation de 94$.
Pour certains arrondissements, cette hausse de taxes est attribuable à la «taxe spéciale» instaurée à la suite de la réforme du financement des arrondissements qui revoit, à la baisse pour certains, le budget accordé par la ville-centre aux arrondissements.
«Ce sont eux qui ont pris la décision. Ils ne peuvent pas dire que c’est de ma faute», a insisté M. Coderre qui croit que d’autres moyens sont possibles pour éponger ces diminutions de budget.
Il reconnaît tout de même que d’autres arrondissements, comme Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et Saint-Laurent, doivent plutôt augmenter leurs charges fiscales d’arrondissement en raison de la construction de structures majeures dans leur secteur.
Les arrondissements qui affichent une plus forte variation totale de leur charge fiscale sont le Plateau-Mont-Royal (4,5%), le Sud-Ouest (4,0%) et Rosemont-La Petite-Patrie (3%). Les deux premiers font partie de ceux ayant créé une «taxe spéciale» pour pallier à la baisse de leur budget en raison de la réforme.
Les arrondissements ayant la plus basse variation totale sont Montréal-Nord (0,5%), Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (0,6%) et Saint-Léonard (0,9%).
«Mon arrondissement a augmenté ses dépense de 2% par année et c’est revendiqué, a insisté Luc Ferrandez, maire du Plateau et chef intérimaire de Projet Montréal. On ne veut pas couper dans les services de première ligne. La réfome des budgets d’arrondissement décide de couper dans la première ligne, il n’en est pas question. Pour aller chercher le 2%, il a fallu créer une petite taxe locale, c’est la «taxe Coderre».
(Cliquez sur l’image pour agrandir)
Toutefois, Projet Montréal tient à nuancer ces chiffres. Le partie réfère à un autre tableau qui présente la taxe relative aux services en arrondissement. Dans ce cas-ci, c’est l’inverse. Le Plateau-Mont-Royal se classe au huitième rang des arrondissements affichant le plus faible taux, alors que Montréal-Nord impose la plus forte taxe.
Transport: Montréal augmente de 25M$ sa contribution aux opérations de la Société de transport de Montréal (STM), par rapport à 2014, pour une somme de 409,1M$. Elle diminue toutefois de 3,5M$ son financement aux immobilisations, pour une contribution de 13,2M$ (sous forme d’emprunt).
«Couper votre contribution en 2014 et l’augmenter en 2015, c’est un pas de danse, a reproché le leader de Projet Montréal, Marc-André Gadoury, qui espérait plus de la part de l’administration Coderre. Ce n’est donc pas vrai que la cotisation aux transports en commun a augmenté sous votre règne. Le service d’autobus a diminué de 3%. Dire aujourd’hui que vous augmentez votre contribution, c’est non-véridique», a-t-il lancé au maire Denis Coderre au cours du conseil municipal.
À ceci s’ajoute 63,6M$ de contributions à l’Agence métropolitaine de transport (AMT), en hausse de 8,5M$, pour la mise en opération du train de l’Est. La Ville s’enorgueillit d’augmenter de 30M$ sa contribution totale aux transports en commun.
Sécurité publique: La contribution de la Ville au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) reste une dépense majeure du budget 2015, pour un total de 686,6M$.
Service de la dette: Le coût du service de la dette se chiffre à 809,6M$, soit 16,6% du budget de 2015.
Bureau de l’inspecteur général: Avec à sa tête l’ancien procureur à la Commission Charbonneau, Me Denis Gallant, le Bureau de l’inspecteur général, qui a déjà remis 2 rapports au cours de l’année 2014, recevra pour l’année 2015 un budget de 5,6M$
Ville intelligente: Un budget de 500 000$ est accordé pour la mise sur pied du Bureau de la ville intelligente et numérique.
Nids-de-poule: Un budget de 136,4M$ est accordé à la voirie municipale, dont 4,2M$ pour la réparation des nids-de-poule et le comblement des fissures.
Pour chaque dollar qu’un citoyen remet à la Ville de Montréal: