Les étudiants dans la rue demandent un gel des frais de scolarité. Leur position est simple: moins élevés seront ces frais, plus accessible sera l’université. Le gouvernement ne veut rien entendre. Les étudiants doivent payer leur juste part pour leurs études.
À mon avis, le gouvernement applique le principe d’utilisateur-payeur à mauvais escient.
Le maire de Montréal, le président de la STM, les groupes environnementaux, les experts du transport et les urbanistes, réclament depuis des années la réinstallation du péage dans la région de Montréal ou à la grandeur du Québec. Le gouvernement ne bouge pas… On étudie la question, dit-il.
Maintenant, prenons un cas qui fait consensus: les soins de santé d’urgence.
Vous imaginez? Votre fille fait une crise d’asthme. Vous arrivez à l’urgence. On prend ses signes vitaux, on vous pose des questions sur sa santé et… sur vos liquidités! Voyons donc! La santé, doit être accessible pour tous, en tout temps. La vie humaine n’a pas de prix.
Lorsqu’il est question d’électricité, par contre, j’accepte avec plaisir de payer mon compte d’Hydro-Québec. Quoi de plus normal que de payer plus cher si notre maison est plus grande que celle du voisin ou avoir l’incitatif de payer moins cher, par exemple en achetant des appareils Energy Star? Il me semble que c’est une application du principe d’utilisateur-payeur (et aussi du pollueur-payeur) tout à fait justifiée.
Dans le cas du transport en commun, nous sommes à mi-chemin entre l’urgence et le compte d’Hydro-Québec. Nous payons environs 50% du prix du billet. Pourquoi? Parce qu’il y a beaucoup d’avantages pour mon voisin lorsque je prends le transport en commun: moins de voitures sur les routes donc moins de congestion routière, moins d’accidents de la route, moins de pollution de l’air, moins d’émissions de gaz à effet de serre, moins d’entretien des routes… et, bien entendu, moins de routes!
Alors, pourquoi, je ne paie rien quand j’emprunte, justement, une route régionale, une autoroute ou un pont? Plusieurs pays font payer les automobilistes pour ce service. Il suffit de séjourner aux États-Unis pour le constater.
Oubliez les péages avec des lignes et du p’tit change. Vous avez franchi le pont de la 25 depuis qu’il est ouvert? Si ce n’était pas d’un panneau, on ne saurait même pas qu’il y en a un! Avec le péage électronique, on peut aussi faire varier le prix pour envoyer le bon message : plus cher aux heures de pointe et moins cher (voire gratuit) le week-end et la nuit.
Comme le transport en commun, le péage aurait plusieurs utilités. Premièrement, les revenus générées pourraient servir non seulement à entretenir nos infrastructures (déjà si on pouvait faire en sorte qu’elles arrêtent de nous tomber sur la tête, ca serait bien, non?). En plus, on pourrait investir une partie des sommes pour augmenter les services de transport en commun (pour offrir un choix à ceux qui ne voudront pas payer le péage). Enfin, un tarif a toujours l’impact de faire réfléchir (un peu) l’utilisateur: dois-je vraiment prendre ma voiture pour aller magasiner? Certaines études démontrent qu’environ 5% des déplacements à l’heure de pointe pourraient se faire à d’autres moments de la journée. Résultat: moins de congestion routière.
Enfin, ceci en surprendra plusieurs, mais la majorité des Montréalais et des banlieusards sont d’accord avec un péage.
Pour revenir aux étudiants dans la rue, le gouvernement cherche environ 200 millions de dollars de plus dans les poches des étudiants. Un péage, dans la seule région de Montréal, pourrait générer cette somme. Appliquons donc le principe de l’utilisateur-payeur au bon service.
Pour le ministère des Finances c’est du pareil au même.
Les étudiants seront contents et, surtout, l’environnement s’en portera mieux.