Refus du capitalisme, rejet de la société de consommation et retour à une vie communautaire, voilà les motivations derrière le mode de vie de Jamie Kingler, un jeune homme pratiquant la simplicité volontaire, dans Le Plateau-Mont-Royal. Le Montréalais vit avec moins de 11 000$ par année, dans un des quartiers les plus dispendieux de la métropole. Le Plateau l’a rencontré.
Peu après l’arrivée du Journal Le Plateau, un débat fait rage dans l’appartement. «To McDo or not to McDo», pour paraphraser un certain William Shakespeare. M. Kingler propose à son colocataire d’aller profiter de la promotion de café gratuit au McDonald tout près de leur appartement, au-dessus du théâtre La Tulippe. Son colocataire s’indigne d’encourager la multinationale, en consommant ses produits, même s’ils sont gratuits. Le premier rétorque que c’est une occasion de couper sur le café et que l’entreprise ne gagne rien à offrir des produits gratuits. S’en suit un débat musclé entre les deux hommes qui sont dans deux camps distincts. Puis, le tout retourne à la normale. Avec 16 colocataires, les discussions enlevantes se succèdent, bien que M. Kingler assure qu’une belle harmonie règne.
«C’est génial d’apprendre à connaître toutes ces personnes formidables. Ça rapproche aussi d’un mode de vie communautaire qu’on a un peu délaissé au profit de l’individualisme», explique-t-il.
Budgétiser et faire preuve de créativité
La vie dans une si grande colocation apporte son lot d’avantages non négligeables, tels que des coûts dérisoires pour les services.
«On a des dons en nourriture de Café Rico. Nous payons aussi un frais coopératif de 25$ chacun qui couvre les besoins de base en nourriture. L’électricité, Internet et le téléphone sont inclus», explique M. Kingler.
Incluant ce frais, Jamie paie 550$ mensuellement pour sa chambre, dans la commune qu’il habite, située à un pas de l’intersection des avenues Papineau et du Mont-Royal.
Son loyer représente plus de la moitié, soit 51%, de son budget annuel. Il précise toutefois qu’avec deux ou trois colocs, il pourrait payer aussi bas que 300$ mensuellement, dans des secteurs moins hip de la ville, mais tout de même bien desservis par le transport en commun.
L’emplacement de choix permet toutefois au jeune homme dans la vingtaine d’économiser beaucoup en frais de déplacement.
«Dès que c’est possible, je marche ou j’utilise mon vélo pour me rendre partout où j’ai besoin d’aller. Au total, je dépense près de 300$ annuellement en transport en commun», affirme M. Kingler.
La nourriture figure au deuxième rang des dépenses les plus importantes, soit 19% du budget annuel. Le Montréalais et ses colocataires font toutefois des économies substantielles en exercant le déchétarisme, une pratique qui consiste à récupérer la nourriture toujours comestible dans les poubelles.
«Entre l’achat de groupe et le «food dumping, on finit par avoir des surplus alimentaires, même si nous sommes 17! Nous redonnons donc de la nourriture à notre communauté», indique-t-il.
Enfin, candidement, celui-ci mentionne que la caféine étant son vice, il a dépensé plus de 200$ annuellement pour ce breuvage.
«Personnellement, je bois très rarement de l’alcool, seulement une bière par mois, mais le café, c’est ma drogue, alors je dépense pour cela. Les gens qui aiment l’alcool devraient toutefois envisager de le brasser eux-mêmes pour faire des économies très importantes», propose M. Kingler.
Bien que ce mode de vie ne soit pas pour tous, le Montréalais mentionne que budgétiser, avec des applications comme You need a budget, permet de faire des économies de milliers de dollars annuellement.
Encourager la vie communautaire par entrepreneuriat
Le jeune homme, qui vit de ses économies, développe actuellement une plateforme de troc nommée JoatU. Bien que par choix, ce mode de vie est aussi une nécessité pour permettre la création de cet outil, disponible dès le 15 mars pour les résidents du Plateau-Mont-Royal.
«Ça va permettre l’échange de biens, mais aussi de services, entre voisins. Par exemple, quelqu’un peut offrir d’apprendre à coudre, en échange d’apprendre la mécanique. Nous aimerions qu’un centre d’échange soit disponible à tous les 20 minutes de marche et que ce soit un lieu non commercial», indique M. Kingler.