Des centaines de poissons morts ont été retrouvés vendredi dernier flottant à la surface du lac des Battures de l’Île-des-Sœurs. Bien que le maire Jean-François Parenteau soutienne qu’il n’y a pas de pollution dans le lac, des résidents continuent de se poser des questions sur ce phénomène dit naturel par l’arrondissement.
« C’était toute une surprise ! Ça fait six ans que j’habite ici et je n’ai jamais vu autant de poissons morts sur le lac des Battures. Il y en a toujours un peu, mais pas des centaines et des centaines. Il en restait encore samedi, même après que l’arrondissement soit venu les ramasser. »
Daniela Villatora, présidente de l’Association des propriétaires résidents de l’Île-des-Sœurs (APRIDS), rapporte que plusieurs personnes restent inquiètes, malgré les explications fournies par l’arrondissement sur la cause du problème.
« Nous voulons que les biologistes se manifestent sur le sujet. Nous avons une crainte qu’il y ait plus qu’un problème sur le lac des Battures et nous voulons que le ministère fasse des analyses d’eau. »
TC Media a contacté le ministère du Développement durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques qui n’a pas pu répondre à nos questions. Donc, nous avons contacté Marc Amyot directeur de la Faculté des arts et des sciences – Département de sciences biologiques à l’UDEM.
Il explique que la mort de ces poissons est un phénomène naturel que l’on peut retrouver dans les systèmes en zone tropicale ou couverte de glace.
« Ça peut arriver, mais ce n’est pas commun. Ça arrive dans les lacs naturels que des épisodes massifs de poissons manquent d’oxygène. Lorsque les bactéries au fond du ruisseau ou du bassin utilisent tout l’oxygène disponible, les poissons n’en ont plus assez pour vivre. »
Oxygène et déchets
Selon l’expert, augmenter l’apport en oxygène dans le ruisseau est la solution logique pour régler ce problème « qui devrait s’atténuer avec les années ». Il ajoute que dans certains cas où les lacs sont assez profonds, créer des espaces où les poissons pourraient se réfugier pour chercher de l’oxygène est aussi une alternative.
« Parfois ce n’est pas assez profond pour les lacs urbains pour avoir des zones oxygénées. Toutefois, je ne conseille pas de refaire tout le bassin pour régler la situation. »
Outre la disposition d’un système d’aérateur au fond du ruisseau, M. Amyot suggère comme seconde solution de limiter l’apport en nourriture pour les bactéries en contrôlant les sources de déchets qui peuvent se retrouver dans l’eau. Selon ce dernier, les matières organiques qui constituent ces déchets peuvent aussi bien être des matières fécales, de l’engrais, des pesticides que des feuilles mortes.
« Les matières organiques vont dans le système et les bactéries mangent cette nourriture. Elles se multiplient et consomment plus d’oxygène. En contrôlant les sources de déchets qui peuvent aller dans le système, cela va réduire l’oxygène des micro-organismes. […] Toutes les matières organiques peuvent être utilisées comme nourriture pour les bactéries. »
Trop de poissons dans le bassin
Pour Nina Gould du Comité de protection du patrimoine naturel de l’Île-des-Sœurs, la problématique réside dans le fait que selon elle, les gens ont jeté dans le lac des poissons prédateurs comme les carpes qui nuisent aux autres espèces aquatiques.
« Ce n’est pas un lac équilibré avec toutes ces espèces qui y vivent. Ces poissons prédateurs se sont reproduits et ils ont mangé les œufs de tortue et de grenouille. Aujourd’hui, il n’y en a presque plus de ces amphibiens. C’est pour cette raison que l’arrondissement a mis des grilles près du lac pour empêcher les poissons d’aller dans les bassins versants. »