Aménagée au coût de 1,1 million $, la grande roue, l’œuvre d’art public présentement en construction à l’intersection des boulevards Pie-IX et Henri-Bourassa, crée la controverse dans la communauté nord-montréalaise.
«La Vélocité des lieux» a reçu la plus importante somme octroyée par la Ville de Montréal, à ce jour, pour une œuvre d’art public.
La roue de 18 mètres de hauteur est déjà en place. Reste à y fixer le système intégré d’éclairage et les cinq silhouettes courbées d’autobus, qui symbolisent, selon les concepteurs, «le flux routier et humain ambiant».
Sur les médias sociaux, des dizaines de citoyens qui ont vu cette œuvre d’art pousser depuis le début de l’été, se questionnent autant sur la pertinence du projet que sur le montant d’argent qui y est consacré.
Sur Facebook, ils ne mâchent pas leurs mots: «décourageant», «ridicule», et «inutile». Certains vont même jusqu’à dire que l’œuvre est une «belle cochonnerie» qui représente «du gaspillage d’argent».
«Dommage. L’argent aurait pu aller pour des logements à prix modiques» a notamment écrit Micheline St-Laurent, sur la page Facebook «Spotted Montréal-Nord».
«C’est clair qu’il aurait été plus constructif, pour notre municipalité, d’avoir mis cet argent dans un projet artistique mettant en vedette nos jeunes», a ajouté Jean-François Brunet.
Une œuvre «déracinée»
Will Prosper, le fondateur et porte-parole du mouvement Montréal-Nord Républik, qui s’est fait connaître dans la foulée des événements suivant la mort de Fredy Villanueva, a joint sa voix à ceux qui critiquent le projet. Il croit qu’il aurait dû être développé par des artistes ou même des jeunes de l’arrondissement.
En entrevue avec TC Media, il dit craindre que «personne ne se reconnaisse» dans cette œuvre, qu’il considère «déracinée des gens du quartier».
«On tente de trouver des façons pour que les jeunes s’intéressent à leur quartier. Ça aurait été une occasion de leur faire vivre une expérience unique», ajoute M. Prosper.
«Imaginez un instant si ce projet avait été piloté et développé par une classe d’une école secondaire comme Calixa-Lavallée ou Henri-Bourassa. Réalisez-vous la fierté de ces jeunes, de leurs parents et de la communauté devant leur œuvre», a-t-il écrit dans un long billet publié sur le site web d’Huffington Post, récemment.
«Une signature»
Michel Lemay, directeur des communications de l’arrondissement, rappelle que Montréal est une métropole culturelle et une ville UNESCO de design et que cette œuvre d’art le prouvera une fois de plus.
«L’art public fait partie de la signature de toutes les grandes villes du monde […] Les citoyens et ceux qui résident ici méritent aussi d’en profiter», soutient-il, ajoutant que l’arrondissement est «fier d’accueillir cette œuvre» à l’entrée de la ville.
L’arrondissement se défend aussi de ne pas avoir essayé de promouvoir les artistes du coin.
«Ça aurait vraiment été l’idéal pour nous. L’arrondissement avait proposé quelques artistes locaux, mais ceux-ci n’avaient pas l’expérience nécessaire pour répondre aux exigences de cette commande d’envergure.»
Il ajoute qu’un représentant des citoyens de Montréal-Nord faisait partie du jury qui a décidé du projet gagnant.
Le directeur des communications soutient que les artistes de l’arrondissement ne sont pas laissés pour compte, citant en exemple le Festival des arts de Montréal-Nord, qui accueille 300 artistes, majoritairement de l’arrondissement, le Symposium annuel d’arts visuels, ainsi que les deux expositions réservées tous les ans aux artistes locaux à la Maison culturelle et communautaire.
Rappelons que c’est un concours pancanadien qui a mené à la sélection du projet de grande roue proposé par BGL, un trio d’artistes de Québec.
Selon l’arrondissement, «le calendrier des travaux est respecté» et l’inauguration aura lieu le samedi 19 septembre.