Saint-Laurent serait l’un des pires endroits où on enregistre la plus forte pollution sonore aérienne à Montréal selon des statistiques compilées au cours des derniers mois par le collectif citoyen Les pollués de Montréal-Trudeau. Bien qu’impressionnantes, les mesures du collectif sont toutefois remises en question par Aéroports de Montréal (ADM).
Des quatre stations installées dans l’arrondissement Saint-Laurent, celle à l’intersection des rues Du Collège et Lindsay a noté le deuxième niveau de bruit d’avion moyen le plus élevé à Montréal, avec 59,9 décibels (dBa) en mai. C’est tout juste derrière la station de mesure d’ADM à Dorval nord, où une moyenne de 64 dBa a été enregistrée en 2014.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la population ne devrait pas être exposée à des bruits dépassant 55 dBa. Sur une longue période, cela pourrait engendrer des problèmes cardiovasculaires, des troubles du sommeil et affecter la productivité au travail.
Ailleurs à Saint-Laurent, les trois autres stations ont également enregistré des niveaux de pollution sonore trop élevé. Au nord, la moyenne était de 58 dBa alors que dans l’Est, à l’intersection des rues Champigny et Tassé, les avions produisaient en moyenne 56,2 dBa. Au Sud, près de l’hôtel de ville, le bruit moyen enregistré était de 56 dBa.
Selon les données présentées le 19 août par Les pollués, pas moins de 8001 vols considérés trop bruyants, dont 794 de nuit, ont passé au-dessus de Saint-Laurent en juillet. C’est une moyenne de 258 vols par jour, et plus de 10 vols par heure. Des travaux sur les pistes de Montréal-Trudeau ont dérouté le trafic aérien durant cette période, augmentant le volume de trajets survolant l’arrondissement.
Les données du collectif Les pollués sont compilées à partir d’une dizaine de stations de 535$ chacune, fournies par la société européenne Worldwide Aircraft Noise Service (WW-ANS).
Le bruit enregistré par des capteurs pointés vers le ciel posés à l’extérieur, est relayé par un nano ordinateur au centre de données de WW-ANS basé en Allemagne. L’information décryptée est compilée dans des graphiques disponibles sur Internet.
ADM conteste
«Les micros installés par Les pollués ne seraient pas calibrés par des professionnels, n’auraient pas un niveau de précision requis par les standards nationaux», soutient Christiane Beaulieu, la porte-parole d’ADM, qui rejette du coup les résultats.
Elle avance également que la hauteur à laquelle sont installés les capteurs peut influer les données sur le niveau de bruit. De plus, il ne peut y avoir de corrélation directe entre les bruits enregistrés et les mouvements d’avion s’ils ne sont pas liés avec un système de données radar selon ADM.
Le directeur principal du collectif, Raymond Prince, a tenu à préciser lors d’un entretien téléphonique, que même si la technologie de l’organisme citoyen n’est pas aussi professionnelle que celle d’ADM, elle indiquerait quand même qu’il existe un problème.
«ADM a installé ses stations de mesure en 2002. Depuis ce temps-là, la technologie s’est améliorée et miniaturisée. Nos stations ne sont pas aussi sophistiquées qu’ADM. On ne le nie pas. Nos données ne sont peut-être pas précises à 100%, mais elles donnent une référence et indiquent qu’il y a un problème au niveau du bruit excessif. Ça ne se peut pas que toutes nos stations se trompent», a-t-il avancé.
Les pollués persistent à exiger un couvre-feu de 23h à 7h. Ils demandent également que soit rehausser l’altitude des avions en approche ou au décollage là où c’est possible. Le collectif interpelle ADM pour que les couloirs aériens soient révisés, pour que deux sièges soient réservés aux citoyens au conseil d’administration, et qu’un organisme indépendant qui recueillerait les plaintes des citoyens tout en émettant des amendes soit créé.
