Les nouveaux bancs de la station de métro Beaubien ont fait jaser Twitter jeudi matin, certains usagers y voyant une mesure «anti-itinérants».
L’installation d’accoudoirs sur les bancs pourrait en effet empêcher une personne de s’allonger sur le banc pour y dormir.
Les accoudoirs ont d’ailleurs été comparés aux pics «anti-itinérants» qui avaient été installés devant l’immeuble du magasin Archambault, à l’angle des rues Sainte-Catherine et Berri, en juin 2014, et qui avaient fait bondir le maire de Montréal, Denis Coderre. Les pics avaient été retirés la journée même.
https://twitter.com/pebayf/status/644536636236263424
Parce que «Y pas d'accoudoirs sur vos bancs, je sais pas quoi faire de mes bras» était la plainte la plus fréquente. https://t.co/4l2QX0z1sw
— Mathieu Charlebois (@OursMathieu) September 17, 2015
C'est pas des pics, mais le principe reste le même… #polmtl https://t.co/pXUkk5ZX5i
— Daphnée Hacker-B. (@daphneehackerb) September 17, 2015
https://twitter.com/guicloutier/status/644539864780775428
Interrogée à ce sujet, la Société de transport de Montréal (STM) a nié que ces accoudoirs soient une mesure contre les sans-abri. «Des appuie-bras sont disponibles sur les bancs de certaines stations de métro du réseau actuellement. La présence d’appuie-bras est nécessaire pour favoriser l’accessibilité universelle et vise à permettre à la clientèle à mobilité réduite de se relever plus facilement. Les bancs des abribus sont aussi munis d’appuie-bras pour répondre au même besoin», a-t-on fait savoir par courriel.
Même son cloche à la Ville de Montréal.
«Ce ne sont pas des bancs anti-itinérants. Nous faisons face au vieillissement de la population, et l’accessibilité universelle est importante pour nous. Ces accoudoirs sont nécessaires à plusieurs personnes pour s’asseoir et se relever avec aisance», a répondu Catherine Maurice, l’attachée de presse du maire de Montréal.
Or, un organisme de Rosemont–La Petite-Patrie qui oeuvre auprès de personnes à mobilité réduite ne semble pas convaincu.
«S’ils ont vraiment voulu mettre des accoudoirs pour permettre aux aînés de se reposer, je dis bravo, mais j’émets des réserves, indique Josée Lambert, de l’Association de loisirs pour personnes à autonomie réduite (ALPAR). La majorité des personnes qui fréquentent notre organisme sont en déambulateur et en fauteuil roulant, alors je dirais qu’il faut d’abord rendre la station de métro accessible avant d’y installer des bancs munis d’accoudoirs. Cela aurait été logique, si cela avait été installés au métro Rosemont, où on aménage déjà des ascenceurs.»
«Mais il est certain que cela empêche les itinérants de se coucher», conclut-elle.
Le maire de Rosemont–La Petite-Patrie, François Croteau, n’a pas souhaité réagir, laissant répondre Sterling Downey, porte-parole de l’Opposition officielle à la Ville de Montréal.
«Cela n’a peut-être pas été conçu comme une mesure contre les itinérants au départ, mais au final, il y a un double effet. Cela empêche quand même les gens de se coucher dessus. Il faut peut-être repenser ces bancs. Les itinérants sont aussi des résidents même s’ils n’ont pas d’adresse fixe. Il faut être capable de les accommoder», affirme l’élu de Projet Montréal.
La STM a d’ailleurs réagi sur Twitter en début d’après-midi jeudi.
@guicloutier (1/2) Ces appuie-bras sont présents pour permettre à la clientèle à mobilité réduite de se relever plus facilement.
— STM (@stm_nouvelles) September 17, 2015
@guicloutier (2/2) Pas mesure anti-itinérant. #STM au contraire partenaire d'un projet visant à aider ces personnes http://t.co/kcXOyuY1Lj
— STM (@stm_nouvelles) September 17, 2015
En collaboration avec Stéphanie Maunay