Montréal

Une révision en profondeur du Plan de transport réclamée

Jugé ambitieux lorsqu’il a été adopté en 2008, le Plan de transport de la Ville de Montréal est aujourd’hui devenu désuet. Vrai changement pour Montréal demande à l’administration Coderre de le réviser au plus vite.

«Il faut faciliter la mobilité des Montréalais», a indiqué lundi la chef du parti politique, Lorraine Pagé, en entrevue à Métro. En s’appuyant sur la dernière enquête Origine-Destination de l’Agence métropolitaine de transport (AMT), elle s’est dite particulièrement inquiète pour ceux qui habitent aux extrémités est et ouest de l’île, où l’usage du transport en commun plafonne ou diminue.

Le parti de troisième opposition déposera mardi, au conseil municipal, une motion afin que la Commission sur le transport et les travaux publics puisse organiser des consultations publiques afin de mettre à jour le Plan de transport.

Le Plan de transport a été élaboré par André Lavallée, qui était responsable des dossiers touchant le transport. Pas moins de 21 chantiers nécessitant des investissements de près de 8G$ y étaient détaillés, touchant notamment l’implantation de réseaux de tramway et de service rapide par bus (SRB), le prolongement du métro et la mise en place d’une navette ferroviaire entre le centre-ville et l’aéroport Montréal-Trudeau.

La gouvernance du transport en commun devait être réformée, d’après le plan, et de nouvelles sources de financement devaient être trouvées. L’administration municipale, qui était alors dirigée par Gérald Tremblay, se donnait 10 ans pour tout réaliser. Une révision du plan était prévue en 2012, mais elle n’a jamais été faite.

L’administration du maire Denis Coderre n’a pas voulu préciser lundi ses intentions au sujet du Plan de transport. Elle le fera mardi au cours des débats au conseil municipal. La Société de transport de Montréal (STM), dont les décisions s’appuient notamment sur le Plan de transport de la Ville de Montréal, a toutefois indiqué par courriel que le processus de révision était entamé.

Près de huit ans après l’adoption du Plan de transport, les réalisations se comptent sur les doigts d’une main, a constaté le professeur de la Faculté d’aménagement de l’Université de Montréal Gérard Beaudet. «On peut bien évoquer toutes sortes de raisons, mais peut-être qu’il serait temps qu’on arrête d’avoir une approche de liste d’épicerie où on énumère 56 choses sans avoir vraiment de priorités et sans avoir de moyens, a dit le professeur. Normalement, un bon plan de transport doit comporter des énoncés sur les moyens pour qu’on puisse réaliser des projets, ce qui n’était pas le cas.»

«Pour l’instant, je trouve qu’on est plus en mode bricolage à gauche et à droit plutôt qu’en mode intégration complète de tous les modes susceptibles de contribuer au transport collectif.» – Gérard Beaudet, professeur à la Faculté d¹aménagement de l¹Université de Montréal.

Si le manque de financement a freiné la réalisation du Plan de transport, le problème de gouvernance n’a pas aidé, d’après le président de Transport 2000, François Pépin. «Quand il n’y a pas une gouvernance claire, ça amène des discussions et des consultations qui ne font que retarder la mise en service des différents projets», a-t-il mentionné, en évoquant le projet du service rapide par bus sur le boulevard Pie-IX.

Félix Gravel, le responsable des campagnes transport, GES et aménagements au Conseil régional de l’environnement de Montréal, croit qu’il faut profiter de l’échec relatif du Plan de transport pour revoir la planification des projets de transport en commun. «Ça ne doit pas être seulement les beaux objectifs d¹un plan qui ne se réalise pas, a-t-il dit. On a un examen conscience à faire.»

Selon M. Gravel, une mise à jour du Plan de transport pourrait être arrimée à la révision du plan d’urbanisme de la Ville de Montréal ou même à celle du plan de développement durable dans le but d’avoir une «vision claire». «Le transport doit être porté politiquement de manière à ce que la population sache clairement le plan de match et actuellement, ce n’est pas clair.»

Plutôt que de faire un plan de transport à l’échelle montréalaise, le Plan de transport devrait devenir métropolitain, pense pour sa part François Pépin. Le changement qui sera apportée à la gouvernance du transport en commun donnera l’occasion de le faire, selon lui. Ce plan métropolitain s’appuierait sur les plans des différentes sociétés de transport et de celui de l’AMT. «Ce n’est pas nécessaire de partir de zéro, a indiqué M. Pépin. Ça serait possible de faire [un nouveau plan] rapidement. C’est une réflexion qui ne peut pas se faire morceau par morceau. Il faut que ça devienne une vue d’ensemble.»

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