Montréal

La Ville pourra destituer des directeurs d’arrondissements; l’opposition s’insurge

Le comité exécutif de la Ville de Montréal peut maintenant, pour une période de 2 ans, suspendre ou destituer des directeurs d’arrondissement.

Une mesure qui a été sévèrement critiquée par l’opposition, qui l’a qualifiée de «centralisatrice» en disant qu’elle porte atteinte à la souveraineté des arrondissements.

Par un vote serré, mardi, de 35 élus en faveur et 27 contre, le conseil municipal a autorisé de donner cette nouvelle responsabilité au comité exécutif.

L’administration du maire de Montréal n’a pas caché qu’une situation récente, dans l’arrondissement de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève, l’avait incité à amorcer la réflexion pour demander d’autoriser ce changement.

La directrice de l’arrondissement de L’Île-Bizard a fait l’objet de plaintes, cet été, de la part de ses cols blancs, notamment pour intimidation et menaces. Après qu’une enquête eut été déclenchée autant par le maire de l’arrondissement, Normand Marinacci, que par la ville-centre, la Ville de Montréal a finalement congédié, à la fin août, la directrice. L’arrondissement souhaite poursuivre la Ville pour «destitution illégale».

Selon le maire de Montréal, Denis Coderre, cette nouvelle responsabilité du comité exécutif n’est «pas un débat de récupération de pouvoirs». «S’il y a des gens qui portent plainte, je vais protéger les employés. Il arrive des moments exceptionnels où on doit protéger nos employés et l’environnement dans lequel ils travaillent», a-t-il expliqué, assurant que ces nouveaux pouvoirs ne seront utilisés que dans de rares cas.

Le président du comité exécutif, Pierre Desrochers, a plutôt mis l’accent sur la nécessité d’assurer une cohérence dans l’appareil municipal. «Le comité exécutif a le pouvoir de congédier le directeur d’arrondissement dans certaines situations, alors que dans d’autres cas cela relève de l’arrondissement. Cette situation est susceptible d’affecter la cohérence de la Ville», a-t-il expliqué.

Mais l’opposition n’en démord pas pour autant. À commencer par celui qui se sent directement visé par cette nouvelle mesure, le maire de l’Île-Bizard, Normand Marinacci qui estime que «la ville-centre s’immisce dans les dossiers d’arrondissement» et que cela aura «pour effet pervers de détruire l’autorité morale de l’arrondissement».

«Les directeurs d’arrondissement [pourraient devenir] de plus en plus frileux à l’idée d’appliquer les demandes du conseil d’arrondissement, si celles-ci ne sont pas dans la même veine que celles de la ville-centre», s’inquiète quant à lui le chef intérimaire de l’opposition officielle, Luc Ferrandez.

Luis Miranda, maire d’Anjou, a qualifié cette démarche de «centralisatrice», déplorant que «depuis les deux dernières années, on ne fait qu’enlever des pouvoirs aux arrondissements». «On n’avance pas, on passe notre temps à reculer. Les directeurs d’arrondissement relèvent du conseil d’arrondissement, c’est les porte-parole du conseil local qui a été élu. Vous devriez respecter le choix de la population», a-t-il plaidé, à l’intention du maire de Montréal.

Un amendement à la résolution stipulant que ces nouveaux pouvoirs sont octroyés que pour une période de deux ans non renouvelable n’a pas suffi pour calmer les critiques, selon lesquelles l’administration pourra présenter une nouvelle résolution au terme de cette période.

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