Montréal

Le Studio Victor ferme ses portes après 30 ans

Les bouleversements technologiques que connaît l’industrie musicale depuis quinze ans auront eu raison du plus vieux studio d’enregistrement encore en opération à Montréal où on notamment enregistré des grands comme Gilles Vigneault et Jean Leloup.

C’est un véritable pan de l’histoire musicale du Québec qui disparaîtra avec la fermeture, le 19 décembre, du Studio Victor situé sur la rue Lacasse, dans Saint-Henri.

«Les opérations dans Saint-Henri, c’est terminé», laisse tomber avec émotion le propriétaire, Gaétan Pilon, qui a ouvert sur la rue Lacasse le studio où plus de 1000 disques ont été enregistrés, d’Oliver Jones à Marjo.

«C’est une question purement financière», souligne-t-il. La musique se vend moins depuis quelques années et cela se répercute sur les studios. En 2014, les ventes de CD ont enregistré une baisse de 7% par rapport à 2013. Celles des albums numériques ont reculé de 4%.

Conséquence: les producteurs dépensent moins dans les gros studios. «Ils se tournent vers des solutions à moindres coûts tandis que mes frais d’exploitation ont augmenté depuis les dix dernières années», explique Gaétan Pilon.

L’âge d’or
En 1985, c’était la fin de l’analogique et le début de l’enregistrement numérique. Un producteur qui réalisait un profit de 2$ sur un vinyle engrangeait désormais 6$ ou 7$ par CD.

«C’était l’âge d’or, se souvient M. Pilon. Il n’était pas rare qu’un producteur investisse 100 000$ pour la réalisation d’un disque. Aujourd’hui, c’est plutôt entre 20 000$ et 25 000$.»

Le nombre de disques enregistrés annuellement au Studio Victor a aussi diminué au fil du temps. «Aujourd’hui, on en enregistre une vingtaine. Les bonnes années, c’était 40 à 50», note Gaétan Pilon.

Une seconde vie
En 1977, M. Pilon exploitait le studio d’enregistrement «Son Soleil» dans la maison familiale du quartier Émard. «À un moment le duplex était occupé au complet. C’était devenu trop petit. J’avais de plus en plus d’équipement», relate-t-il. L’opportunité de déménager dans le studio de Saint-Henri s’est présentée en 1985.

Il a donc donné une seconde vie à ce studio construit par RCA en 1943. Jusqu’en 1958, plusieurs grands noms de la musique, dont Oscar Peterson et Alys Robi, y ont enregistré.

Il s’agissait du premier studio au Canada à être doté d’un traitement acoustique polycylindrique. Les panneaux en bois ondulés lui conféraient une qualité sonore recherchée. «Ce studio, c’est un patrimoine important pour Saint-Henri, le Québec et le Canada», estime Gaétan Pilon.

De 1958 à 1985, le studio a changé de vocation. RCA y a mené des activités dans le domaine de l’aérospatiale.

Point final en musique
Gaétan Pilon procède actuellement à la vente d’une partie du matériel. Avant de tourner définitivement la page, il invite les amateurs et professionnels à s’inscrire à des séances d’enregistrement «Direct To Disk sur Video», qui auront lieu du 12 au 18 décembre. Pour un tarif modique, tous ceux qui le désirent, musiciens, chanteurs en solo, les duos, les groupes, les chorales, pourront enregistrer une chanson lors d’une séance filmée sur vidéo.

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