«Insultes, crachat dans la figure et agressions physiques», les femmes musulmanes de Montréal seraient de plus en plus en proie à de telles situations, s’apparentant à de la xénophobie, selon le Centre des femmes de Verdun.
«Nous sommes de plus en plus confrontés à différents problèmes racistes», constate la travailleuse communautaire du Centre des femmes de Verdun, Nathalie Vigneault.
Le Centre des femmes ne dispose pas de statistiques précises sur le sujet. Toutefois, Mme Vigneault n’hésite pas à parler d’une «bonne augmentation» du nombre de demandes d’aide qui y sont traitées depuis 2013.
Les individus réagissent fortement aux actes terroristes, aux guerres et à l’extrémisme. Ils ont tendance à chercher une cible et se tournent donc vers les femmes musulmanes, qui sont plus facilement identifiables à cause de leur voile», explique-t-elle.
Inquiétudes palpables
Ces propos viennent rejoindre ceux d’Élisabeth Garant, directrice générale du Centre justice et foi qui a pignon sur rue dans Villeray. « Selon les témoignages que j’ai reçus, la violence et les propos inappropriés à l’égard des femmes musulmanes ont augmenté depuis la charte des valeurs et la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables», souligne cette dernière.
«Les groupes consacrés à la violence conjugale se remplissent, mais on commence à retrouver tout autant de cas de xénophobie», témoigne Nathalie Vigneault. Certaines femmes ont rapporté s’être fait arracher leur voile, cracher dans la figure, bousculer et insulter.
Le Centre justice et foi, qui organise des débats critiques sur les choix qui fondent une société juste et démocratique, gagne tout autant en popularité. «On a même été obligé de refuser du monde à assister aux débats tellement il y a une volonté d’exprimer ses inquiétudes et de comprendre comment réagir face aux enjeux liés à l’immigration et à la diversité», lance la directrice générale.
Bien que le nombre de femmes musulmanes ne représente qu’environ 1% de la clientèle du Centre des femmes de Verdun, le regroupement des Centres pour femmes observe la même problématique dans plusieurs installations, notamment au Centre des femmes de Laval où les femmes musulmanes représentent 50% de leur milieu de vie.
Selon le Service de Police la Ville de Montréal (SPVM), il est difficile de quantifier le nombre de femmes victimes de violence ou de crime haineux en raison des multiples cas non déclarés ou de l’absence de dichotomie dans les dossiers de la police.
Selon une enquête nationale effectuée en 2011 par la Ville de Montréal, on compte 72 310 femmes de religion musulmane (8,8%) dans la métropole pour une population féminine totalisant 825 905.
Toujours selon une enquête menée par la Ville de Montréal en 2011, le plus grand nombre de musulmans habitent l’arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc Extension.
Verdun se classe dans les arrondissements dont la population musulmane est la moins concentrée, avec 3 345 habitants musulmans (5%).