Montréal

Projet Montréal et le NPD se mêlent au débat sur la vente de la tour de Radio-Canada

Des élus municipaux et fédéraux tentent d’empêcher, du moins temporairement, la vente de la tour de Radio-Canada, dans le quartier Centre-Sud. Le parti d’opposition à la Ville, Projet Montréal, a réclamé que la société d’état maintienne ses activités dans le quartier, et le Nouveau parti démocratique (NPD), a demandé à Ottawa d’imposer un moratoire sur la vente.

Projet Montréal a déposé une motion en ce sens au conseil d’arrondissement de Ville-Marie mardi soir. Toutefois, celle-ci a été battue. La conseillère Valérie Plante, qui a présenté la motion, a reçu l’appui de Steve Shanahan du parti Vrai changement pour Montréal. Les trois autres membres du conseil, dont le maire Denis Coderre, ont voté contre.

«On s’est tous engagés pour protéger ce milieu de vie. On veut mettre de l’avant des politiques de revitalisation, de mixité. Aujourd’hui, on a assisté à une certaine récupération politique. Je voterai en défaveur [de la motion], mais ça ne veut pas dire qu’on n’est pas pour les gens du quartier Centre-Sud. La meilleure motion qui existe, c’est le plan directeur, signé par la Ville et la Société Radio-Canada.», a déclaré M. Coderre lors du conseil.

«C’est une motion juridiquement irrecevable, et j’ajouterais inutile», a ajouté le conseiller Richard Bergeron.

Le chef intérimaire du parti, Luc Ferrandez, a affirmé plus tôt en journée que «le temps presse», puisque la date limite pour recevoir des offres d’achat, le 18 mars, approche. M. Ferrandez aimerait que le maire de Montréal, Denis Coderre, envoie un «message clair» à Radio-Canada, qui s’était engagée en 2009 à rester sur le site et à développer le quartier.

Le chef de Projet Montréal a aussi affirmé que Radio-Canada a une «responsabilité morale» de ne pas déserter le quartier. Le Faubourg à m’lasse, un ancien quartier populaire qui abritait jadis quelque 5000 personnes, a été rasé pour construire la tour. Projet Montréal s’inquiète que la vie commerciale du secteur ne s’effondre avec le départ des 2000 employés de Radio-Canada qui travaillent présentement sur le site.

«C’est comme une mine. Tu exploites ta mine, mais à la fin de tout, on n’a plus d’argent et on s’en va, et on laisse les choses à elles-mêmes. Bien cette mine-là, elle appartient au gouvernement fédéral, a-t-il illustré. Le gouvernement fédéral a la responsabilité de concocter un projet qui ne laisse pas le territoire vide et décrépit.»

«L’arrondissement ne peut présumer des projets de développement qui lui seront soumis. Quant au cas précis que vous soulevez, tout projet qui serait soumis sera analysé en fonction des règles d’urbanisme en vigueur et de l’entente de développement conclue entre la Ville et la société d’État», a-t-on fait savoir du côté du cabinet de M. Coderre.

Le NPD demande un moratoire
Du côté d’Ottawa, le NPD a demandé à la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, de laquelle répond Radio-Canada, de suspendre immédiatement la vente de l’immeuble. «Le conseil d’administration de Radio-Canada, nommé par les conservateurs, continue la démolition de notre diffuseur public, et ça se passe sous le regard des libéraux. La ministre Joly a le pouvoir de dire non et de décréter un moratoire, a fait savoir par voie de communiqué le porte-parole du NPD en matière de patrimoine et de culture, Pierre Nantel.

Le parti déplore aussi le processus de mise en vente qu’il juge «opaque».

«La vérité, c’est que la tour n’appartient pas à la direction de Radio-Canada, elle appartient au public, a ajouté la députée de Laurier–Sainte-Marie, Hélène Laverdière. La Maison de Radio-Canada est au cœur d’un riche écosystème culturel et social et les décisions prises concernant son avenir auront un impact majeur sur le quartier Centre-Sud.»

Radio-Canada réagit
La société d’État a émis un communiqué en fin de journée mardi pour «rétablir les faits», précisant que Radio-Canada allait rencontrer les organismes communautaires du quartier «sous peu», chose qu’elle fait «régulièrement depuis des années», selon elle.

«La décision de Radio-Canada n’est pas encore prise. Nous étudions actuellement toutes les options possibles. Cela inclut la vente des installations ainsi qu’un déménagement qui pourrait être à l’extérieur du site ou dans un nouvel édifice construit sur le site actuel. Par ailleurs, la rénovation de nos installations demeure également une option», peut-on lire.

«Nous ne pouvons ni ne voulons nier le lourd héritage lié à la construction de la Maison Radio-Canada. L’accord conclu avec la Ville de Montréal en 2009 est toujours en vigueur et le demeurera, quelle que soit l’option retenue», ajoute-t-on.

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