Le dernier sondage confirmait ce que certains anticipaient, voire craignaient. L’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois à Québec solidaire (QS) constitue, à plusieurs titres, un défi de taille pour le Parti québécois (PQ) de Jean-François Lisée. En fait, non seulement explose présentement le nombre d’adhésions au parti de gauche, mais une élection tenue prochainement verrait 14% des électeurs l’appuyer. On parle ici du double des votes obtenus par la formation en 2014.
Pourquoi une mauvaise nouvelle pour le PQ et non pour les autres partis? Essentiellement parce que Québec solidaire, du moins par les propos de GND, en a fait sa principale cible: «je me lance en politique parce que je suis de gauche et indépendantiste», de clamer la nouvelle coqueluche de QS. Le Parti libéral et la Coalition avenir Québec étant d’un fédéralisme auto-proclamé, et n’ayant surtout rien de gauche, sont aisément ainsi exclus de l’équation.
Reste, conséquemment, le Parti québécois. Pas tant pour la gauche (quoiqu’elle en pense, la formation de René Lévesque est, depuis Lucien Bouchard, de centre ou de centre-droite), mais certainement du fait de son article premier, lequel confirme clairement ses visées indépendantistes.
Pire encore: l’alliance informelle PQ-QS envisagée par Lisée est, de façon péremptoire, rejetée par GND. S’il y a alliance, dit-il, ce sera avec Option nationale. Et pourquoi écarter si cavalièrement, d’entrée de jeu, le PQ? Parce que le temps où l’on faisait de la petite politique sur le dos des minorités religieuses est révolu, de dire GND. Message pas trop subtil à l’endroit du parti de la Charte des valeurs et, peut-être surtout, à son chef qui s’insurgeait il n’y a pas si longtemps du nombre d’hidjabs au Québec.
Alors si on résume: un parti en visible expansion, avec à sa tête un co-leader de seulement 26 ans, connu pour sa capacité à rallier les jeunes et à les intéresser à la politique, et néo-chouchou d’une certaine frange médiatique traditionnellement acquise au Parti québécois.
Tout ceci au même moment où ce même PQ tente de donner suite au rapport de Paul St-Pierre-Plamondon, lequel témoigne d’une tendance plutôt insécurisante pour la suite des choses: la formation se veut incapable de renouveler sa base et se trouve, en un sens, prise en otage par une génération vieillissante.
Ce qui précède pose, sauf erreur, un défi supplémentaire au chef Lisée: comment séduire à la fois le bassin de jeunes progressistes et plaire, simultanément, à une portion d’une base militante ayant jadis épousé ses positions dites identitaires?